c'est un très gros problème, parce qu'il est impossible d'envisager un planning familial, et c'est aussi vrai avec les chrétiens qu'avec les musulmans. C'est une catastrophe: ils vivent à plusieurs familles: 20, 30, 40 personnes par petite maison, il n'est plus possible ni d'éduquer ces enfants, ni de les nourrir convenablement. Les carences alimentaires sont telles actuellement qu'elles affectent le cerveau et "fabriquent" beaucoup de débiles. Les jeunes ne trouvent pas de travail, c'est réellement dramatique: ils traînent dans les rues, désoeuvrés. Les plus chanceux trouvent du travail dans le Golfe, mais comme ils y sont moins bien payés que ce qu'ils croyaient, ils y restent longtemps, et cela donne des familles plus aisées mais sans père à la maison, la mère étant incapable de remplacer l'autorité du père, les enfants "tournent mal", allant jusqu'à battre leur mère (c'est une tradition là, pour un mari, de battre sa femme)...
Je parle du petit village que je connais, qui dépend de Miniah (cité dans l'article), j'en ai beaucoup parlé avec les soeurs et les frères chez qui je logeais, et qui sont là, certains depuis 35 ans.
Pas contre il n'y a plus d'excision depuis quelques années: soeur Adéla, après 37 ans de travail acharné, a réussi à l'éradiquer complètement.
Quelques chiffres: vers 1950 (d'après une thèse universitaire), 8000 habitants, et l'auteur de cette thèse affirmait déjà que le village était trop surpeuplé, les champs trop petis pour subvenir aux besoins des habitants. La première fois que j'y ai été, il y a 10 ans: 16.000 habitants, et l'année dernière 32.000, et ça continue...
Il y a 3 écoles dans le villages, surpeuplées, fonctionnant en 3 tranches horaires: l'école "normale" de 8 à 13, le rattrappage scolaire de 13 à ? 17,18? et après l'alphabétisation des aldultes. S'il fallait que tous les nouveaux enfants du village aillent à l'école, il faudrait construire chaque année une nouvelle école pour 600 enfants (on a fait le calcul avec les frères).
Seuls les couples instruits comprennent qu'il vaut mieux avoir moins d'enfants et bien les soigner. Cela prouve, une fois de plus, que l'instruction est le meilleur moyen de ramener la natilité à un niveau viable.
Le gouvernement ne peut rien faire, il a essayé mais a été confronté à une levée de boucliers...