Sophia *****
Nombre de messages : 874 Age : 41 Localisation : France Date d'inscription : 08/02/2008
| Sujet: Cinéma: Dernier Maquis de Rabah Ameur-Zaïmeche Ven 17 Oct 2008 - 8:53 | |
| Le président du jury cannois, Sean Penn, aura prévenu les compétiteurs officiels : point de salut au palmarès hors de l'engagement dans la cité ! Faute de disposer de son numéro de téléphone, on lancera donc à monsieur le président un appel public, en lui signalant que l'un des très grands films politiques de ce festival se trouve hors de sa juridiction, à la Quinzaine des réalisateurs. Ce film, c'est Dernier Maquis, du Français Rabah Ameur-Zaïmeche, qui met un point d'orgue à l'impressionnante trilogie déjà composée de Wesh Wesh, qu'est-ce qui se passe ? (2002) et Bled number one (2006).Le cinéaste y poursuit son investigation de l'immigration maghrébine, à travers une stylisation lyrique et une acuité de regard admirables. Politique, Dernier Maquis l'est par son sujet et par sa forme, par son urgence et par sa complexité. L'action est ramassée sur le périmètre d'une modeste entreprise de palettes (ces lattes de bois assemblées pour transporter les marchandises) située en banlieue parisienne. Le patron est d'origine immigrée. Les ouvriers, dans leur immense majorité, aussi. Le nœud dramaturgique est d'une simplicité biblique : c'est la construction, au sein même de la fabrique, d'une mosquée.Offerte par le patron à ses ouvriers, elle suscite d'emblée la discorde. Un groupe de mécanos maghrébins, affectés au garage de l'entreprise, proteste contre la nomination de l'imam par le patron, au mépris d'un égalitarisme coranique qui voudrait que celui-ci recueille l'assentiment des fidèles. Un autre groupe, dominé par des ouvriers d'Afrique noire plus précarisés encore que leurs collègues, n'entre pas dans cette fronde. Le patron, musulman sincère, joue un jeu ambigu, dont on se demande s'il est guidé par le désintéressement de la foi ou par un intérêt de classe consistant à maîtriser le domaine religieux pour mieux aliéner la revendication sociale. Celle-ci ne manquera pourtant pas d'exploser un peu plus tard, lorsque les premiers licenciements toucheront le groupe de rebelles. FERMENT RÉVOLUTIONNAIRECette juxtaposition constante du religieux et du politique, question d'actualité, est donc la grande affaire de ce film. Le résultat est d'une grande intelligence et d'une esthétique forte. Le cadre de l'entreprise, baignant dans le rouge des palettes qui y sont entreposées, devient ainsi une scène dramatique qui évoque le rituel religieux et la couleur de la révolution. Elle interroge à la fois l'échec des utopies socialistes, la catastrophe redoublée de cet échec chez les anciens colonisés, la place accrue prise de ce fait par la religion dans l'identité de ces hommes, ainsi que le dévoiement ou le ferment révolutionnaire que celle-ci contient. La scène de ce Dernier Maquis est celle d'une tragédie du sacrifice et d'une incantation à l'espérance.Film français de et avec Rabah Ameur-Zaïmeche, Salim Ameur-Zaïmeche, Abel Jafri. (1 h 33.)Jacques Mandelbaum Synopsis Au fond d'une zone industrielle à l'agonie, Mao, un patron musulman, possède une entreprise de réparation de palettes et un garage de poids lourds. Il décide d'ouvrir une mosquée et désigne sans aucune concertation l'imam... La critique le 16 Juillet 2008 par Aurélie Louchart
Rabah Ameur-Zaïmeche a encore frappé. Le réalisateur livre un troisième film ambitieux et toujours très réussi. Sur des sujets comme la lutte sociale ou la religion, il est rare que les fictions ne tombent pas dans la caricature. Ici, le jeu des acteurs comme les situations apparaissent d’une justesse déconcertante. Fidèle au mondé réel, ce long métrage tout en nuances conserve une certaine opacité et laisse le spectateur intrigué. On devine les personnages plus qu’on ne les connaît - c’est peut-être en partie ce qui les rend si réels. Rabah Ameur-Zaïmeche propose un film original, au style dépouillé. Le clinquant brille par son absence dans le fond comme la forme. Le réalisateur s’intéresse à des personnalités que l’on pourrait rencontrer au coin de la rue et ce dans un décor industriel. Cette sobriété se retrouve dans la réalisation : pas besoin d’effets de manche lorsqu’on maîtrise son sujet. Dans le décor quasi unique du film (un terrain recouvert de milliers de palettes rouges) le réalisateur tourne des plans très longs. La caméra est souvent fixe, comme posée au milieu de cette entreprise pour mieux laisser ces manoeuvres et mécaniciens immigrés vivre leur quotidien. Rabah Ameur-Zaïmeche met à jour l’esthétique du site industriel et approche cette réalité dure avec délicatesse et sensibilité. Il montre sans froideur ni condescendance le prolétariat du troisième millénaire. Un film courageux, qui ne laisse aucune facilité se glisser dans le scénario ou la réalisation.
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Sophia *****
Nombre de messages : 874 Age : 41 Localisation : France Date d'inscription : 08/02/2008
| Sujet: Re: Cinéma: Dernier Maquis de Rabah Ameur-Zaïmeche Ven 17 Oct 2008 - 10:24 | |
| J'ai eu la chance de me rendre à l'avant première hier soir avec mon mari, la projection du film était suivie d'un débat avec le réalisateur, c'était une très bonne soirée! |
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Sarah ADMIN
Nombre de messages : 4203 Age : 52 Localisation : France / Algérie Date d'inscription : 28/01/2007
| Sujet: Re: Cinéma: Dernier Maquis de Rabah Ameur-Zaïmeche Ven 17 Oct 2008 - 10:31 | |
| Quelles sont tes impressions ?? Racontessssssssssss |
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Sophia *****
Nombre de messages : 874 Age : 41 Localisation : France Date d'inscription : 08/02/2008
| Sujet: Re: Cinéma: Dernier Maquis de Rabah Ameur-Zaïmeche Ven 17 Oct 2008 - 10:43 | |
| J'ai déjà vu ses 2 précédents films à savoir: Wesh Wesh qu'est ce qui se passe et Bled Number One, il reste fidèle à lui-même et à son style... c'est un genre un peu particulier, il peut y avoir des lenteurs au cours de certaines scènes, certaines séquences, il y a peu de scénario et les images laissent au spectateur développer ses idées. Le thème ici dans son dernier film est bien choisi, on est dans un milieu d'hommes (travail manuel: mécaniciens, manoeuvres) ce qui s'oppose à Bled Number One où le personnage central est une femme. La religion dans le monde de l'entreprise (entreprise gérée par un musulman), et la place de l'ouvrier sont des thèmes qu'il a su traiter dans un ensemble ce qui est original et qui ne semble pas évident... le spectateur évolue dans un décor principal de palettes rouges (rouge couleur du peuple et de la révolution), en opposition à qques séquences tournées au bord d'un lac avec sa végétation... Personnellement je vous le conseille, il y a bcp de choses à évoquer suite à la projection de ce film... bcp trop lol! |
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| Sujet: Re: Cinéma: Dernier Maquis de Rabah Ameur-Zaïmeche | |
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