La fantasia La fantasia est une manifestation équestre traditionnelle au Maghreb.
Quelle est cette fantaisie ? Pratiqué en Afrique du Nord, le jeu du baroud ou fantasia est d’abord connu pour le galop de charge d’un groupe de cavaliers, suivi d’un arrêt brusque des chevaux marqué par les coups de feu des cavaliers équipés de fusils puis d’un demi-tour et d’un repli rapide.
Autrefois exercice militaire, la fantasia accompagne actuellement les fêtes religieuses et civiles, notamment à l’occasion des moussems, rassemblements qui se tiennent à l’occasion du pèlerinage sur le tombeau d’un saint.
Chevaux et cavaliers à l’unisson La fantasia se pratique par groupes (serbas) d’une dizaine de cavaliers de tous âges appartenant à la même communauté ethnique et commandés par un M'qaddem.
Les chevaux utilisés peuvent être des pur-sang arabes ou plus généralement des arabes-barbes, moins chères et plus faciles à trouver. Ce sont des entiers dont l ‘éducation commence à 2 ans avec une bride légère puis un mors plus rude muni d’un anneau circulaire formant gourmette. Cet enrênement permet au cavalier d’arrêter son cheval sur quelques mètres puis de faire demi-tour sur place aidé par le déplacement du poids du corps.
La selle est encadrée par un pommeau et un troussequin élevés qui permettent une bonne tenue du cavalier. Les étriers sont chaussés court, talons reculés, pointes de pieds dirigés vers le sol et genoux avancés. Historiquement cette position permettait aux guerriers engageant le combat de se mettre en position suspendue, dressés sur les étriers, ce qui leur donnaient l’agilité nécessaire au maniement du sabre, de la lance ou de l’arc.
L'habit des cavaliers se compose d'une "djellaba" et d'un burnous de soie ou de laine très fine de couleur blanche. Question prestige, le harnachement et la sellerie sont brodés au fil d'or 18 carats et l’armement doit être fait artisanalement.
Une exhibition ébouriffante La fantasia se déroule sur un terrain de sable ou d’herbe de 100 à 200 mètres de longueur. Les chevaux, alignés au départ, partent directement au grand galop. A la fin de la charge, en bout de terrain, le M'qaddem tire un coup de feu en l’air, signal déclenchant tous les coups de fusil qui doivent alors résonner comme un seul et unique puissant coup de feu. Les chevaux s’arrêtent alors et font demi-tour en direction de la ligne de départ.
Même si des concours sont organisés, la fantasia reste avant tout un divertissement plus qu’un sport. Au Maroc, ces concours traditionnels qui ont toujours existé de manière informelle, sont repris en main depuis quelques années par la Fédération Royale Marocaine des Sports Equestres afin d’y mettre de l'organisation. Des épreuves locales, régionales puis nationales voient s’affronter les meilleurs équipes. La fête culmine lors du grand prix annuel durant de la semaine du cheval à Rabat en juin juillet. Les règles du jeu se rapportent aussi bien au cheval qu'au cavalier et demeurent plus esthétiques que techniques. Le but sous jacent de la fantasia reste le développement de valeurs humaines comme la bravoure et l’élévation de l’esprit.
Où voir des fantasias ? En Tunisie, parmi d’autres : Festival de la fantasia dans la ville sainte de Kairouan en novembre. Fantasia lors du Festival National du cheval pur-sang arabe à Maknassy dans le sud du pays en juin juillet.
Au Maroc, parmi d’autres : Grand Prix de la fantasia lors de la semaine du cheval à Rabat en juin juillet. Fantasia sous les superbes remparts de Meknès, à l’intérieur du pays.
Pour connaître précisément les dates et lieux, contactez : L’Office National du Tourisme Tunisien, 32 av Opéra 75002, tel : 01 47 42 72 67
L’Office National Marocain du Tourisme, 161 r St Honoré 75001, tel : 01 42 60 63 50
Source Chevalmag.com
Michel Mieusset
Photos Frédéric Chéhu
Juin 2006