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 Les joutes poétiques

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marzou
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MessageSujet: Les joutes poétiques   Les joutes poétiques Icon_minitimeDim 12 Juil 2009 - 16:24

La poésie a une place importante dans la culture du Maghreb. Du poète d'un jour au professionnel reconnu et adulé, tous sont admirés quelque soit leur style.

Une autre forme très appréciée est la joute poétique, dont voici quelques extraits du livre FLORILEGE DE POESIES KABYLES


Les joutes poétiques Floril10

Tout autant que les vers je vous invite à lire les annotations qui sont très riches en informations sur la culture kabyle.
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marzou
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MessageSujet: Re: Les joutes poétiques   Les joutes poétiques Icon_minitimeDim 12 Juil 2009 - 16:42

Le nom de Tahar Oukhoufache était associé à la musique, la danse et la poèsie. Il animait une troupe réputée en Kabylie. Dans les fêtes où se produisait Tahar Oukhoufache, l’ambiance n’était pas faite de musique et de danse : il y avait immanquablement de la poésie dans l’air. La soirée dansante devait battre son plein ; mais entre les pauses, ou carrément au terme de la soirée, Tahar Oukhoufache entamait son « one man show » ses compagnons pouvaient ainsi se reposer, les joueurs de fifres (imeijjayen), les joueurs de hautbois (iyeggaden) et les joueurs de tambour. C’est ainsi que ses doigts faisaient émaner de la peau de son tambourin un rythme lent et mélancolique : aberradi tout en chantant spontanément, inspiré par la circonstance, des vers de facture solennelle ou de facture plutôt délurée. A vrai dire, Tahar Oukhoufache était poète de son état, assez célèbre aussi bien en basse Kabylie qu’en Haute Kabylie. Il est natif de cette première région d’où il ramenait des danseuses pour les fêtes. On rapporte que vers 1926, il traversa les montagnes de la basse Kabylie pour se produire chez les lgaouaouène. Parmi sa troupe de danseuses, il y avait une femme âgée alors d’une quarantaine d’années renommée pour sa beauté et son don de la poèsie. Cette femme se nommait Zouina et son nom sera célèbre aussi car elle est la partenaire de Tahar Oukhoufache dans le domaine de la poésie chantée (ahiha) (1)

Voici un échantillon de ces joutes rituelles :

Lui :
O toi colombe délurée
Tes longues poèsies ne valent-elles pas cher
Cette nuit nous nous produisons en ce pays
Qu’on ne nous prenne pas pour des semeurs de fétus
Debout Zouina entonne ta mélopée
Cette nuit ton compagnon est Oukhoufache
Que mes seigneurs jaugent ton verbe
C’est avec art que j’en avise les jouvenceaux
Mon pays est Aït Ouartirane (2)
Dont tous les hommes sont chasseurs de serpents (3)
Nous nous sommes venus chanter l’aubade
Ne sont-ce pas les noces d’une bouture d’abricotier
Que chacun reste donc à sa place
Sur ma tête une mantille ajustée d’un turban arachnéen


Elle :
Sans pareilles les noces d’aujourd’hui
Surtout qu’elles se font sur un air du Sahel (4)
Ici n’émerge nulle barbe de pleutre
Nous voici parmi des hommes de valeur
Qui ne tolèrent point l’infamie
Et qui reconnaissent le convive à sa sagesse
L’arbre apporte toujours du bien au fruit
Racé on en peut faillir aux convenances
Les plus jeunes tiennent aux us de leus aînés
Va donc Zaouina chante et fais fi de l’inquiétude
Car de preux cavaliers t’entourent
Nul statut ne feint d’omettre la joie
Le maître de cette fête n’est-il pas un notable
Et quel expert que son doigt sur la gâchette (5)
Lui, le pagne indigo orné de maints motifs
Tissé par de subtiles femmes du désert

Le plus attentif à cette première joute était peut être un homme du nom de Oujouadi, lui aussi barde à la voix somptueuse. Voulant faire déboucher la joute sur des notes plus gaies, Oujouadi dit à Tahar Oukhoufache « Abordez plutôt l’air dit des cavaliers (6) » Et Tahar de répondre « Certes, d’accord, mais que le chacal ne mange pas mes agneaux si je les lui confie.
Voyons d’emblée l’avis du propriétaire de cette fête ». Ce dernier ayant consenti, Zouina rejoignit pour la joute suivante :

Tahar :
Bouture d’amandier
Qui profite à merveille
O toi Zouina
Jument porteuse d’amulettes
Ayant appris ta présence
Les tribus affluent vers toi dans la clameur

Zouina :
Fibule des trésors
Rehaussée de turquoise
O toi Tahar
Jeune plant de noisetier
Grappe de raisin mordorée
Tu attires la foule
Ta poésie est si bien prisée


Tahar :
O rameau de rosier grimpant
Que les abeilles butinent
Dans le jardin de la Chrétienne (7)
Tu ploies sur le linteau
Stature d’un palmier
Sur les terres sahariennes

Zouina :
Anneau de pied garni de torsades
Tu nous embellis les chevilles
O toi Tahar
Cheval tavelé
Chevilière d’argent travaillée
Aux pieds des femmes de Medjana (8)

Tahar :
Regarde-la toute de grâce faite
Comme le meilleur des froments
Succulente chair d’agneau
Parfumée aux épices
Ta crinière est celle de la jument
Qui fièrement hennit


Zouina :
Svelte regardez-le
Sa denture parfaite fait son sourire chameur
Belle broche kabyle (9)
Ciselée par un artiste
Brave comme un lion
Quand il apparaît


Tahar :
O toi aux yeux fardés
Tes belles lèvres n’en ont nul besoin
Pour toi la femme insurgée (10)
Nous voici inquiets tant nous te désirons
Pour toi nous avons vendu le glèbe
Et nos vaillants fusils
Fleur de pêcher
Qui s’épanouit dans les plaines


Zaouina :
Toi au front comme une étoile
Ton visage est mon miroir
Insurgée car j’ai un autre désir
Toi le faucon au plumage moiré
Tes dents à elles seules
Font de mon amour un fou
J’ai repris mon diadème
Et rejeté la broche (11)

Tahar :
Brise des plaines
Secoue donc ta fouta
Droite comme un fusil de somme (12)
A la crosse sculptée
De la gazelle au pays des Bruns (13)

Zouina :
Brise des collines
Retourne les pans de ton bournous
Garçon mignon tel un perdreau
Pour toi se tisse ma chanson
Je me ferai faire un tatouage (14)
Afin de ne rien oublier



(1) Ahiha : mélodie aujourd’hui très vivante chez les chaouis que Taos Amrouche définit ainsi : « le style Ahiha, aux pulsions rythmiques accusées est spécifiques des chants du travail et de la meule ».

(2) Aït Ouartirane : tribu de la basse Kabylie, région de Sétif.

(3) voulant dire que les hommes tuent ceux qui y viennent dans un dessein malhonnète (pour le plaisir charnel).

(4) Assibli : style de mélodie plus rythmé que l’ahiha venu des hauts plateaux vers la Kabylie. D’où son nom, dérivé de sahel
(plaine/plateau)

(5) Il était d’usage en Kabylie de surveiller la soirée dansante, aux fusils, si les musiciens étaient accompagnés de danseuses. Jadis
les troupes de musiciens traditionnels étaient immanquablement dotées de danseuses enturbannées qui faisaient le tour de la piste de danse et récoltaient les pièces de monnaie.

(6) L’air des cavaliers (Taywect g gemnayen) est un air très rythmé sur lequel naguère encore dansaient les cavaliers en Kabylie. On s’en souvient encore au travers des fantasias.

(7) Cet air a été repris par les premières chanteuses professionnelles sous le titre de « Tanina ».

(8) Medjana : plaine de la Kabylie.

(9) Il s’agit d’une broche en argent, émaillée de vert, de jaune et de bleu et sertie de bosses de corail. Habituellement ce type de bijou comporte un nombre impaire de pendentifs (5, 7, 9 ou 11). Ces pendentifs sont de formes diverses qu’on ne peut toutes les citer ici « tête de serpent » « feuille de chêne », « cruchon », « étoile », etc…

(10) Insurgée (Tamnafaqt) c’est la femme qui quittait le domicile conjugal sans le consentement de son mari et se retirait chez ses
parents. La coutume voulait que les hommes, pour l’épouser, rivalisent à dépenser toute leur fortune. Celui qui avait épousé tamnafaqt était honoré par tout le village parce qu’ainsi il avait bravé le mari, surtout si celui-ci appartenait à un clan ennemi.

(11)
Dans la kabylie d’antan n’importe quelle femme ne portait pas n’importe quel bijou ; en effet il était de rigueur de porter
le bijou adéquat à son statut social. Le diadème ne pouvait être porté que par des femmes non mariées, la grosse broche (tafzimt) par les femmes mariées ou mères d’un garçon. On reconnaissait, par exemple qu’une femme était mariée, divorcée, veuve, dévote… au style des boucles d’oreilles qu’elle avait (tieella, imenyarem, iccerraben, ilyan…)

(12) On dit d’une femme qu’elle est un fusil quand il s’agit d’une femme svelte, élégante et nubile. Mais ici dans ce vers il s’agit d’une
expression qui vise à rendre l’idée d’une certaine beauté chaste inaccessible.

(13) Les gens du Sahara algérien.

(14) Jadis en Kabylie, on pouvait reconnaître qu’une femme était de telle ou telle tribu selon le style des tatouages qu’elle portait au
cou, au front ou au menton, et un homme à celui qu’il avait surtout à la tempe ou à la naissance du pouce.
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MessageSujet: Re: Les joutes poétiques   Les joutes poétiques Icon_minitimeDim 12 Juil 2009 - 17:02

POEMES SUR L’AMOUR
Dans le style Izlan

A la fontaine des complaintes


Il s’agit d’une joute entre Sedda, une forte belle jeune fille « la lune est au ciel et elle sur terre » et un charmant berger de son âge. Leur lieu de rencontre était un endroit habituellement interdit aux hommes : « la fontaine des Izlan » (fontaine des chants) mais un jour, la main de Sedda fut accordée à un homme des plus fortunés du village.

Leurs amours contrariées, les deux amants continuaient de se rencontrer furtivement au lieu dit. Avant d’entamer la joute, le jeune berger se dissimulait d’abord dernière une haie de verdure. Ainsi Sedda, une amphore servant de prétexte, remplie et vidée sans arrêt répliquait-elle à chacune des poésies tout en épiant l’indiscrétion de quelque badaud.

Vinrent les noces de Sedda. Implacable et arrogant, le père de celle-ci, puissant dans tout le village, intima au jeune berger l’ordre
d’amener le seul bien qu’il possédât : son cheval afin qu’il conduisît chez son rival la fille qu’il aimait et pour laquelle il allait surbir le pire des châtiments.



Le berger :

O vent qui berces les herbes frêles
Trop mon ami tu me fais mal
O toi ma belle taille de guêpe
Par tes sourires tu m’importunes
Ni tu n’as laissé mon cœur se réjouir
Ni tu ne me dis de m’éloigner.

Sedda :
Je suis peinée par le fils de mon village
Amoureux du plaisir en vain
Je jure Grand Dieu de t’épouser
A moins que le destin ne me soit contraire

Le berger :
O phénix en cage
Dis-moi si tu résistes à l’ennui
Si le perdreau vient à te parler
Réponds-lui avec précision
La lionne va-t-elle frayer avec le hérisson
O cieux envoyez donc la fondre

Sedda :
Un joug a beau atteler deux bœufs
Mais à chacun ses rêves
Si mon corps est loin
Mon cœur est avec toi
La caille des typhas t’assure
Que l’oreiller la refuse au hérisson

Le berger :
L’autre jour au bord de la rivière
J’ai trouvé une grive morte
Je l’ai prise et mise dans ma poche
Elle avait une amulette au bec
Je l’ai donnée à lire au clerc
Il déclare : l’amour est voué à la mort
L’amour est une couche de braises
Un oreiller d’épines
Même le destin est frivole
Il associe chardon et pâquerettes
Me voici tel le coucou sur les collines
Fou de te savoir mariée

Sedda :
L’autre jour allant dans la plaine
J’y ai trouvé la lionne épuisée
Elle a laissé sa crinière traîner
Et a baissé les yeux
Sous un palmier elle attendait le lion
Elle avait quitté les siens pour le rendez-vous

Le berger :
O Sedda au corps élancé
Au teint aussi limpide que l’eau
Pour toi j’ai abandonné ma tâche
Et pourtant je suis un homme de raison
Puisque tu dois partir pour tous tu es déjà mariée
De mes rêves naît l’illusion
Plus que la déception

Sedda :
O mère quelle soif
Ah boire à la fontaine des roseaux
Si je bois je redoute les vindictes (1)
Si je m’abstiens j’en meurs
Pour toi mon aimé
Je suis prête à subir la hache
Fontaine en toi je suis perdue
Par beau temps ou par temps couvert
J’ai commencé par le sirocco
Voici qu’il est de retour
Feu prend garde de ne pas
M’atteindre jusqu’à la chair
Je prêt sermon devant Dieu
O argent fondu en fibule
Je sais que tu deviendras
O fleur épanouie sur un jeune rameau
Je jure de briser la coutume
Et faire couler le sang

Le berger :
O toi Sedda bien-aimée
Monceau de fleurs soyeuses
Quand tu traverses la place publique
Pour toi les gens perdent la raison
Que de vertus vous avez enfantées ô femmes
Pour le bonheur des hommes

Sedda :
O jeune garçon déluré
O fils du calife Omar
Sous ta main jaillit un torrent
A l’eau clair comme l’ambre (2)
Ta silhouette hante mes rêves
Et mes yeux versent des rigoles de pleurs

Le berger :
Qui est cette femme qui dit des vers
Suaves comme une fiole de parfum
De diligence tu ne manques point
Mais veux-tu comprendre l’allusion
Qu’il arrive l’inadmissible
Et tu t’envoleras vers l’émerillon (3)

Sedda :
Celle qui parle c’est Sedda agile et subtile
Elle prône la vérité bien droite
Peut-être a-t-on fait pedre son dessein à la tourterelle
Car on est cupide
Bientôt je rebrousserai chemin
Et te reviendrai à midi (4)

Le berger :
O toi belle jeune fille
Colonnette de neige couverte de givre
Donne-moi ton amulette d’argent
Qu’elle accompagne mes insomnies
Sitôt endormi je te verrai
Et mes yeux pleureront comme un orage d’été

Sedda :
O garçon à la taille droite
Ah ! te voir fétu
Pour venir à la fontaine te puiser
Entre le crépuscule et la nuit noire
Je te redonnerai ta forme humaine

Le berger :
O branchettes de thym
Vous qui fleurissez en mars
Mon poème s’adresse aux filles Fardées
Aux yeux grands comme des mares
Emplie de charme
Et le jeune se laisse séduire
Par le parfum des clous de girofle
Quant à moi l’oreiller m’est témoin
Sans cesse mes entrailles sont bouleversées
Ton histoire ô tourterelle
M’a marqué au fer rouge.

Sedda :
O jeune garçon mon frère garçon
A la moustache blonde
L’autre jour en traversant la place publique
Je les ai entendu jurer ta mort
Dans ce village de méchants
L’aversion poursuit ceux qui s’aiment

Le berger :
O branchettes de thym
Vous qui fleurissez en mai
Mes dits chantent les filles
Celles dont le ceinturon est bien ajusté
Toi à la taille svelte tu es une hampe d’étendard
Incrustée d’or
Maintenant on donne les perles aux cochons
Et fait pousser des roses sur le fumier
Assez d’attendre
Et de voguer dans le brouillard
Ton histoire ô tourterelle
Je l’ai contée à une pierre elle a pleuré

Sedda :
O garçon à la stature droite
Bouture de corail vermeil
O ma mère ou boire
A la fontaine hantai par le geai
Si je bois j’ai peur des miens
Si je reste ainsi la soif me tuera

Le berger :
Par Dieu je te conjure ô lune
Avec toutes les étoiles autour de toi
Pour moi tue donc l’amour
Qui vit dissimulé dans les cœurs
Ce qui m’arrive éterni sera mon chant
Rossignols allez-vous m’aider
Deux oiseaux se sont unis
Pour disparaître dans les nues
A l’aube ils étaient partis à deux
Au crépuscule l’un d’eux a failli

Sedda :
O garçon au boléro (5)
Couleur de feu
Le lucre est cause de mes déboires
Je porte un pesant fardeau
Toi ramier et moi tourterelle
Nous gagnerons le ciel
Ma bague est à ton doigt
Aujourd’hui elle brille plus que jamais
Même si je dois me marier
Pour toi je m’insurgerai

Le berger :
J’aimerais que tout te soit propice
O toi à la mantille couleur de cuivre
Qui n’a pas souffert ne connaît rien
Laisse donc ma peine croître
Pour tous je suis un boutefeu
Moi qui n’ai pas pris le fusil

Sedda :
O bruine qui tombe
Me voici mouillée sans avoir mené paître (6)
O foulard de soie neuf (7)
Toi aux yeux fauves
Profites-en si tu m’aimes

Le berger :
Me voici emporté par la vague
Loin de la rive
Mon cœur d’amour pour toi déborde
Hourri qui porte bien l’anneau du pied
Les amours éphémères
Ne laissent qu’amertume

Sedda :
Arrêt cheval, arrête
Si tu es sage
Ces noces pour moi sont comme la mort
Non mes amis ce n’est pas un voile mais un linceul
Si mon destin était une poterie
Je la briserais
Puisse ma graine ne pas germer en toi
Maison que je n’ai point élue
D’ailleurs mauvais choix est infortune
Ainsi je promets de défaire ta couche
O jeune garçon prends bien garde à toi
Je sens déjà mauvais présage

Le berger :

Reste en paix fontaine
De toi je me sépare
Fais tomber les pierres de tes parois
Désormais il ne nous reste plus rien
En toi se sont attardées les rimes
Ici tout ce que m’as inspiré s’est évanoui
En vain je tente de redresser mon poème
A tes abords tout le charme s’est dissipé
Trouble, de grâce ne redeviens pas claire
O toi Sedda amulette d’argent
Mantille aux longues franges soyeuses
Saisis les rênes et prends garde de ne pas tomber
O jeudi infernal
Tu foisonnes de tourments
Dès l’aube je regorge de ténèbres
Ma main qui tient le mors
Tremble
Elle est engourdie de froid
S’il s’agit de beauté je n’en manque point
Et de sagesse non plus (8)
Tout cela noble fille tu le sais
Tout mon être souffre le martyre
Pour beaucoup de raisons
Mais les conseils n’y peuvent rien



(1) L’amour charnel en dehors du mariage est passible de mort.

(2) Le torrent et l’ambre font ici allusion à l’orgasme.

(3) Symbolise le manque d’esprit.

(4) Veut dire au grand jour et au su de tous.

(5) Signe de fortune et d’élégance masculine.

(6) Signifie ne pas avoir eu de contact charnel avec un homme. Fait allusion à l’excitation à la simple vue de l’amant.

(7) Allusion à la virginité de Sedda.

(8) Les mariages de raison ne tiennent pas compte de ces critères : beauté et/ou sagesse. Dans la joute il s’agit d’une alliance par
intérêt. Thème intarissable aussi bien dans la poésie que dans la chanson kabyle anciennes et contemporaines.
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