"Papa, les Américains sont sur la Lune"

Vu du Mali, de France, du Vietnam ou encore d'Algérie, les premiers pas de l'homme sur la Lune n'a pas eu pour tout le monde la même signification. Mais ils sont restés pour chacun un moment inoubliable. Témoignages d'internautes.

• La Lune et le croissant,
  

A l'époque, la télévision n'existait pas encore à El-Oued, une oasis du sud algérien, mais les gens qui voyageaient et avaient pu voir les images dans les grandes villes comme Alger, ont raconté l'événement dans tous ses détails. Répandue comme une traînée de poudre, la nouvelle a fait réagir les plus profanes. Les gens ne discutaient que de cela et les commentaires allaient bon train. Même les religieux, d'habitude réservés sur de tels sujets, se sont mis à discuter longuement de l'exploit accompli. La question qui revenait sur toutes les bouches était : "Comment est-ce possible que l'homme ait pu percer le ciel pour atteindre le croissant ?"

• Hypnose,
  

J'avais 14 ans. Je me trouvais ce soir-là sur le toit d'une vieille maison près d'Evry. Le ciel était clair et la Lune brillait. Mes yeux étaient hypnotisés par la mer grise de la Tranquillité à des centaines de milliers de kilomètres de là. Subitement, j'eus l'impression de voir des formes s'y déplacer. J'oubliais alors la radio. Cette vision suffisait à me faire comprendre le moment extraordinaire que j'étais en train de vivre.

Un chat sur la Lune,
Lorsque le premier homme a marché sur la Lune, j'avais 6 ans. Je me souviens que tout le monde en parlait. Pour moi, c'était possible. Chez nous au Mali, on expliquait à chaque éclipse qu'un chat avait grimpé sur la Lune. En tout cas, c'était une légende. Moi je m'étais dit que si un chat pouvait monter sur la Lune, pourquoi un homme ne le pourrait-il pas ? Après ce succès, je me rappelle encore que de nombreux orchestestres de musique Mandingue ont été baptisés "Apollo".

• Je croyais que c'était déjà fait,
  

J'avais 10 ans. Quelques jours avant le lancement d'Apollo, c'était mon anniversaire, la famille était réunie. Toutes les conversations tournaient autour de l'événement en perspective. Etonné par ce que j'entendais dire, je suis allé dans ma chambre chercher l'album de Tintin On a marché sur la Lune ! Je suis retourné au salon et j'ai interppelé mon jeune beau-frère : "On n'y est pas déjà allé sur la Lune ? Il y a tout un album de Tintin sur la mission lunaire !" (l'album datait de 1954). Les regards attendris et légèrement moqueurs des uns et des autres m'ont, tout à coup, fait comprendre que ma confiance dans Hergé aurait mérité un peu plus de sagacité...

• Les Américains ont aluni sur Boufarik !
  

J'avais 16 ans, et j'ai vécu cette fabuleuse épopée en direct sur notre chaîne de télé algérienne. J'en garde un souvenir impérissable. Et pour cause. Je crois que mon papa a été le premier a en douter, en m'affirmant qu'il s'agissait d'un montage des Américains. Il était 3 h 30 ou 4 heures du matin quand il m'a trouvé scotché à la télé. Surpris, il me demanda ce qui m'a retenu si tard. Je lui ai répondu, tout heureux et émerveillé : "Papa, les Américains sont sur la Lune. Il pouffa, et il me dit : Pauvre incrédule, tu aurais dû dormir d'un bon sommeil. Ils ont aluni, mais sur Boufarik (ville à 30 km d'Alger) !"

• Armstrong joue de la trompette sur la Lune,
  

C'était un début d'après midi, j'avais 11 ans, je suis allé chez un copain et tout le monde regardait la télé en noir et blanc dans le noir. Son père nous a dit : "Regardez bien, les enfants, vous vivez un moment historique, il faudra s'en souvenir, c'est incroyable, vous pourrez le raconter à vos enfants". J'ai regardé un moment ces images, en essayant de me convaincre que c'était en effet historique. Le cosmonaute s'appelait Neil Armstrong, comme Louis le trompettiste. J'ai découvert qu'un Blanc pouvait avoir le même nom qu'un Noir. Après, avec mon copain, on est allés à la pêche.

• La Lune et Albert Ducrocq,
  

Il y a quarante ans, mais le souvenir est toujours bien présent. Comme quelques milliards d'hommes j'ai regardé les images, les mêmes évidemment sur toutes les chaînes de l'époque. Mais comme la retransmission prenait de nombreuses heures, tous les commentateurs tentaient – plutôt mal que bien – de meubler les silences. Alors très vite, j'ai pensé à la radio ! Et là, c'était fabuleux.
Regarder les images à la télé en coupant le son et écouter la radio. Pas n'importe laquelle, mais Europe n° 1 avec Jean Gorini aux commandes, et surtout avec Albert Ducrocq comme spécialiste hors normes. Il répondait aux questions des auditeurs en studio et au téléphone. Il avait réponse à tout avec une documentation remarquable et une culture scientifique à toute épreuve. De plus j'enregistrais sa voix au moyen de mon magnétophone. J'ai toujours l'enregistrement.

• Vu d'un village tunisien,
  

J'avais 11 ans et habitais un quartier populaire à Jemmel, une petite ville en Tunisie. La télé était un luxe inaccessible. Aucune famille de notre quartier n'en possédait. Beaucoup de gens ne savaient même pas à quoi cela ressemblait, moi y compris. Plus de la moitié de foyers du quartier était dépourvue d'électricité. Quelque jours avant l'événement planétaire, une nouvelle s'est répandue à la vitesse de l'éclair et a laissé tout le monde stupéfait : la modeste famille Mzaiin avait acheté une télé. La nouvelle était à peine croyable. Un véritable événement avant l'événement.
Le 21 juillet, la télévision de cette famille était posée à une fenêtre de la maison qui donnait sur la rue pour que les passants puissent regarder l'événement de la veille : la marche sur la Lune. Des jeunes et moins jeunes étaient devant le poste pour regarder et chacun allait de son commentaire. En regardant autour de moi les maisons étaient pratiquement toutes en torchis, les voitures était rares, juste à côté une fontaine publique entourée de personnes qui se disputaient pour remplir leur seau d'eau. Des ânes, des chameaux, des mulets passaient alors même que passaient ces images de l'astronaute qui marchait sur la Lune. Cela me paraissait irréel et me tourmentait l'esprit. Comment est-ce possible ? Un homme parmi la foule qui regardait a parlé à haute voix : qui nous dit que cela est vrai ? J'étais content d'entendre cette forme de doute et cela m'a beaucoup rassuré.

• Vu de Dakar,
  

Malgré le fait que je n'avais que 7 ans, j'étais une petite expatriée à Dakar, Sénégal. Nous n'avions pas la télévision et à Dakar, les musulmans nous disaient que c'était un "sacrilège" de toucher à la Lune ; pour eux il était impossible que l'homme puisse penser à toucher à la Lune ! Et en plus, mes parents et ma sœur étions parmi les premiers expatriés européens à avoir attrapé une conjonctivite purulente très contagieuse. Tout à coup, tout Dakar a été contaminé et les Sénégalais disaient : "Ah, tu as attrapé Apollo" ! Pour eux c'était une sorte de signe du destin qu'une maladie même bénigne fasse son apparition au moment où Apollo atterrissait sur la Lune !

• Un conte vietnamien,
  

A cette époque, j'entendais à la radio de la capitale sud vietnamienne cette chanson-conte : le Petit Cuôi, personnage futé (et menteur) d'origine vietnamienne, est amoureux de la belle Hang Nga, déesse d'origine chinoise. Cuôi est allé rejoindre sa belle sur l'astre argenté. Comment ? En faisant pipi sur un vieux banian. Cet arbre magique s'est déraciné, et, transformé en fusée, s'est envolé en direction de la Lune, emmenant comme passager le petit Cuôi. Bien avant Neil Armstrong.

Ce jour-là, bien installée dans notre salle à manger dans un fauteuil en plastique jaune et blanc, j'ai suivi consciencieusement l'événement sur l'écran télé noir et blanc du Sud-Vietnam. J'ai bien scruté le paysage lunaire. Armstrong était léger, léger, malgré son scaphandre. (Mais où se trouve le fameux banian ? Et la belle Hang Nga ?) A l'école, on est venu nous donner des explications... Nous avons reçu autocollants, pins, prospectus... offerts par la NASA. Prodigieuse aventure technologique : quelqu'un a voltigé sur la Lune, quelqu'un a mis ses empreintes sur l'astre blanc ivoire des petits enfants vietnamiens.

• J'ai acheté un morceau de Lune,
  

J'avais alors 11 ans. Je me souviens que mon père, en prévision de l'évènement, s'était fait prêter une petite télévision noir et blanc portative. Nous étions alors en vacances en Gironde dans la ferme de mes grands-parents maternels. Il me réveilla en pleine nuit ; la télé était posée à droite de la porte d'entrée, sur une petite table ; mon père en avait fait le réglage avec la double antenne télescopique. Et l'évènement tant attendu apparut sur le tout petit écran. Il me semble qu'encore une voix résonne à mes oreilles : celle du commentateur... Je n'imaginais sûrement pas alors ni la portée ni l'étendue de ce qui s'était déroulé devant mes yeux... Peut-être une raison qui me fit "acquérir" sur un site Internet, bien des années plus tard, un morceau de lune, avec un vrai certificat, pour l'offrir à mon fils pour ses 6 ans.

• 40 ans déjà...
  

J'allais avoir 18 ans et mon père m'avait interdit de me lever pour voir le direct à la télé (à l'époque on écoutait ses parents). Faisant de l'écoute radio en amateur, j'ai écouté la Voix de l'Amérique en ondes courtes et France Inter en ondes longues. Ma première nuit blanche ! A 3 h 56' 20" un oiseau s'est posé dans la corniche de ma maison et a chanté alors qu'Armstrong posait le pied sur la Lune. Le jour se levait. Un moment magique ! Depuis je suis devenu accro et mon hobby est d'écouter les missions spatiales et autres bruits de l'espace.


Source : Le monde


Et vous, quels sont vos souvenirs ?

sincèrement je nai pas vraiment de souvenirs. à l'époque je ne regardais pratiquement jamais la télé (et cest resté!). les souvenirs sont vagues: quelques mots me reviennent, des images aux infos mais sans plus. je n'ai trouvé cela extraordinaire. peut ètre que je ny croyais pas vraiment ou que ca ne minteressait pas plus que sa .
aujourd'hui, je fais partie des septiques. je crois que depuis toute petite je ne crois que ce que je vois et très tot, ce que je pouvais regarder a la télé me paraissait un peu éronnée, fabriqué en quelque sorte.
j'ai gardé cette vision des choses je crois.
c'est passé inaperçu encore aujourd'hui d'autant plus que les interrogations que jai pu entendre mont conforté dans mon septicisme. si d'autres se sont posé la question de la réalité de ce voyage sur la lune, je me dis que jai raison de me poser ces mèmes questions.
mais bon la nest pas le débat. je voulais juste expliquer pourquoi cela ne mavait pas marqué tout simplement.