La fiancée syrienne d’Eran Riklis Un film à petit budget et qui a réuni le talent des Israéliens, des Allemands et des Français, et d’une pléiade d’acteurs palestiniens côté casting. C’est un film déroutant, étonnant d’humanité, bouleversant. Tout est dit ainsi dès le début, tant c’est irrésistible. Les premières images en témoignent, cette tristesse sur la figure de la future mariée. Le décor est planté dans un village du Golan, à la frontière syrienne, occupé par Israël depuis 1967. La finesse d’un scénario, le découpage si soigné qu’il fluidifie l’intrigue, la spontanéité des acteurs, leur sincérité, et la magie des certaines scènes, certaines images, font que «La fiancée syrienne» est un chef-d’oeuvre absolu et qu’Eran Riklis, un artiste qui ne veut défendre personne, mais dénoncer un conflit dont tout le monde est lassé, est un grand réalisateur, et bientôt une légende vivante du cinéma «universel».

L’histoire s’étend sur moins d’une journée : il s’agit du jour le plus triste de Mona (Clara Khoury), aujourd’hui elle se marie. Si elle n’arrive pas à se départir de ce visage couvert de malheur, les yeux baissés et le sourire absent, avec toujours cette incessante brillance d’étoile morte dans les pupilles, c’est parce qu’elle va épouser un Syrien et que, dès qu’elle aura franchi la frontière, elle ne pourra plus revenir chez elle : une fois en Syrie, Israël ne l’acceptera plus et les Syriens ne la laisseront pas y retourner.

C’est alors la dernière fois qu’elle voit les siens, mais elle a la trentaine et elle doit épouser cet homme, un célèbre acteur de sitcom, qu’elle ne connaît que par la télé, et lui dans une photo. De mémoire cinématographique, l’on n’a peut-être jamais vu une mariée aussi triste, aussi près du gouffre, tout ce maquillage et cet habit blanc pour fêter un malheur.


Tout le monde alors se réunit pour cette fête, qui ne peut pas avoir lieu normalement. Ils ne sont pas là pour le mariage, mais pour faire leurs adieux à leur fille. Ils ont beau préparer le repas, chanter, applaudir, mais tout cela c’est pour la voir les quitter, et alors ils pleurent.

La première heure du film analyse ces rapports familiaux plus que tout, cette famille de Druzes aux prises avec un occupant trop imposant et une politique religieuse qui n’en est pas moins étouffante. De cette façon, la famille est éclatée, mais elle se voit s’éparpiller tout en silence, chacun se bat pour soi et pour les siens en catimini. Un père pposant, un fils coureur de jupons et qui fait du «commerce» en Italie, l’enfant prodigue renié par son père car il a épousé une Russe, et la fille (Hyam Abbas), la plus proche de la fiancée, ne supportant plus un mari lui-même victime d’une société machiste, «orientaliste», alors qu’elle veut rattraper le temps perdu.

Même si Amal, le personnage incarné par Hyam Abbas, est le plus présent, « La fiancée syrienne» est un film choral. Grâce à la multiplication des voix et des angles de vue, nous pouvons admirer cette palette de personnages qui s’aiment et qui se déchirent, qui se retrouvent mais ne se regardent pas, qui chantent en pleurant et qui essaient de monter la voix contre un père trop paternel, un occupant abusif, un mari
traditionaliste, et qui continuent de se rechercher, en manque d’air. Tant de fois nous les voyons regarder l’étendue terrestre, sur les hauteurs, là où l’air semble être le plus libre, tel qu’en témoigne la dernière image du film, quand Amal tourne les talons et marche en respirant à grandes bouffées, pleurant à chaudes larmes.

Une délivrance, pouvons-nous dire, de celle de gens qui, ayant trop espéré l’aide des autres, finissent par se débrouiller tout seuls, à leurs risque et péril. La dernière demi-heure est angoissante dans la mesure où, absurde, le dénouement tarde à venir. Le mariage devient impossible, et la mariée risque de rester à la frontière, ni dans un pays ni dans l’autre, elle qui n’avait plus déjà vraiment d’identité.

Si, de prime abord, c’est la bureaucratie qui est accusée, les scénaristes Eran Riklis et Suha Arraf dénoncent tout un système mis en place et qui, inutile, semble s’être mis un point d’honneur à faire souffrir tout le monde. Et puis cette employée de la Croix Rouge, qui a le droit de franchir la frontière à sa guise pour permettre le passage de la fiancée, nous paraît comme étant l’image d’un externe (peut-être bien l’ONU, dont nous voyons des pancartes sur les routes) qui veut régler à l’amiable un problème que les deux partis se refusent à régler parce que chacun d’eux fait porter le chapeau à l’autre. Et puis, l’image de la jeune femme s’en allant, les bras baissés, est on ne peut plus symbolique.

J'ai vu ce film au cours de l'année sur France 5 ou Arte, je ne sais plus mais je n'ai pas trouvé ça grandiose et je suis un peu restée sur ma faim à cause de la fin du film lol

Il a été rediffusé cette semaine sur France 5 et j'avoue que j'ai ressentit un peu le même sentiment que toi Missboussa, je suis restée un peu sur ma fin et je n'ai pas tout compris non plus par manque de connaissance du problème

Je partage &également votre avis les filles.
je l'avais déjà vu et n'ai pas eu envie de le revoir à cause de certaines lenteurs et d'une fin un peu sybyline