Voici un article du Monde consacré au groupe touareg Tinariwen à l´occasion de la sortie de leur nouvel album:
Tinariwen, porte-voix musical et politique berbèreTinariwen
a été le porte-voix de la rébellion touarègue au Mali, au début des
années 1990. Il attire un public jeune, enthousiaste, qui n'a aucune
notion de la langue tamasheq utilisée par ses chanteurs, n'entend rien
à sa poésie, mais apprécie le son de ses guitares électriques, sa
musique aux connotations blues rock, enfiévrée de percussions et de
claquements de mains. Un public sensible également sans doute aux
images qu'amènent avec eux ces musiciens du désert portant djellaba et
turbans. Le désert fait rêver l'homme occidental en quête d'échappées
belles.
Originaires de Kidal, capitale administrative de l'Adrar des
Ifoghas, au nord du Mali, formé au début des années 1980, Tinariwen se
présente comme un groupe tamasheq. "Nous préférons être désignés ainsi,
précise Ibrahim Ag Alhabib (dit Abreybone), co-fondateur du groupe.
"Touareg" est un mot arabe, importé". Lui se revendique berbère.
Utilisé par les Français à l'époque coloniale, le terme est resté celui
d'usage courant.
Retour à Paris en 2010
Tinariwen s'accommode de
ce malentendu et de tous les fantasmes qui traînent sur la vie nomade
et les peuples du désert. Des musiciens célèbres se sont pris d'intérêt
pour le groupe. Robert Plant, Carlos Santana ont partagé la scène avec
eux. Le groupe a ouvert un concert des Rolling Stones, à Glastonbury,
en Angleterre. Herbie Hancock vient de l'inviter pour un enregistrement
en studio. Ils font partie de ces artistes dits des "musiques du
monde", qui ont su gagner la sympathie du public rock. En 2001, ils
jouaient aux Transmusicales de Rennes et plus récemment aux Vieilles
Charrues.
Tinariwen a suscité un intérêt pour la musique touarègue,
peu exposée auparavant sur la scène internationale, où elle était
essentiellement transmise à travers le chant lancinant des femmes du
groupe Tartit, de la région de Tombouctou (à la Cité de la Musique, à
Paris, le 12 février, avec Tinariwen). D'autres groupes touaregs, du
Mali ou du Niger, sont apparus, tels que Terafakt, Toumast ou Etran
Finatawa, ainsi qu'un site Internet, en février 2008,
www.tamasheq.net.Au-delà
de cette attraction, de cette agitation faite autour de son nom, les
membres de Tinariwen ne veulent pas perdre de vue l'essentiel : la
défense de la culture tamasheq et de ses terres. Une cause qui hier
leur a fait prendre les armes, et aujourd'hui les maintient en éveil.
Actuellement
en tournée européenne pour présenter son quatrième album Imidiwan:
Companions, après une résidence au VIP de Saint-Nazaire (scène de
musiques actuelles, en Loire-Atlantique), Tinariwen a rempli la salle
de l'Alhambra (850places), le 5octobre, à Paris. Ils reviendront dans
la capitale, le 12février 2010, à la Cité de la musique, invités dans
le cadre du cycle de concerts "Résistances".
Tinariwen. Le 10 à Trappes, le 14 à Orléans, le 15 à Rouen, et le 12 février 2010 à la Cité de la Musique à Paris.
CD Imidiwan : Companions/AZ-Universal.
Patrick Labesse