Ne trouve-t-on pas l'âme d'une culture dans ses "petites histoires" ?

Je trouve celles de Djeha savoureuses. N'hésitez pas à en poster.

Voici la première, peut-être la plus connue:

Voilà une autre histoire du célèbre personnage d'Asie mineure, Nasr Eddin Hodja (son nom est orthographié de mille et une façons !) :

Djeha-Hoja dit un jour à son fils, alors qu’il atteignait sa douzième année :
- Demain, tu viendras avec moi au marché.
Tôt le matin, ils quittèrent la maison. Djeha-Hoja s’installa sur le dos de l’âne, son fils marchant à côté de lui. A l’entrée de la place du marché, Djeha-Hoja et de son fils furent l’objet de railleries acerbes :
- Regardez-moi cet homme, il n’a aucune pitié ! Il est confortablement assis sur le dos de son âne et il laisse son jeune fils marcher à pied.
Djeha-Hoja dit à son fils :
- As-tu bien entendu ? Demain tu viendras encore avec moi au marché !
Le deuxième jour, Djeha-Hoja et son fils firent le contraire de la veille : le fils monta sur le dos de l’âne et Djeha-Hoja marcha à côté de lui. A l’entrée de la place, les mêmes hommes étaient là, qui s’écrièrent
- Regardez cet enfant, il n’a aucune éducation, aucun respect envers ses parents. Il est assis tranquillement sur le dos de l’âne, alors que son père, le pauvre vieux, est obligé de marcher à pied !
Djeha-Hoja dit à son fils :
- As-tu bien entendu ? Demain tu viendras de nouveau avec moi au marché !
Le troisième jour, Djeha-Hoja et son fils sortirent de la maison à pied en tirant l’âne derrière eux, et c’est ainsi qu’ils arrivèrent sur la place. Les hommes se moquèrent d’eux :
- Regardez ces deux idiots, ils ont un âne et ils n’en profitent même pas. Ils marchent à pied sans savoir que l’âne est fait pour porter des hommes.
Djeha-Hoja dit à son fils :
- As-tu bien entendu ? Demain tu viendras avec moi au marché !
Le quatrième jour, lorsque Djeha-Hoja et son fils quittèrent la maison, ils étaient tous les deux juchés sur le dos de l’âne. A l’entrée de la place, les hommes laissèrent éclater leur indignation :
- Regardez ces deux-là, ils n’ont aucune pitié pour cette pauvre bête !
Djeha-Hoja dit à son fils :
- As-tu bien entendu ? Demain tu viendras avec moi au marché !
Le cinquième jour, Djeha-Hoja et son fils arrivèrent au marché portant l’âne sur leurs épaules. Les hommes éclatèrent de rire :
- Regardez ces deux fous, il faut les enfermer. Ce sont eux qui portent l’âne au lieu de monter sur son dos.
Et Djeha-Hoja dit à son fils ;
- As-tu bien entendu ? Quoi que tu fasses dans ta vie, les gens trouveront toujours à redire et à critiquer.

Et voici une illustration par un brodeur du Caire, qui a employé la technique utilisée anciennement pour faire les tentes de fête. Un livre sur cette histoire a été publié, illustré par ces broderies.

ton histoire m'a fait sourire et me rappelle au combien tout est prétexte à critiques de la part des gens.
quoique tu fasses, il y aura toujours quelqu'un pour dire du mal, te critiquer, faire des remarques malvenues.
l'essentiel cest ne point y faire attention, faire comment on le sent. nous ne sommes pas là pour attendre une reconnaissance des autres. nous vivons pour nous même tout simplement. notre seul guide de vie doit être nous même et non ce que peut penser l'autre de nous.

Très réaliste!!!

les histoires de djeha sont celles que l'on raconte le plus en algérie dans ma région. c'est un pur délice de les écouter!

vous ne savez peut-être pas qui est Djeha ?
"Espèce de Djeha !"
Là, c'est une insulte venant de quelqu'un qui demeure persuadé que Djeha est un niais.
"Malin comme Djeha", dit-on ailleurs...
Djeha le niais...
Djeha le malin...
Alors ? Qui est réellement Djeha ?
Comment vous expliquer...?
Que c'est difficile !
Eh bien voilà : Djeha...
...C'est Djeha !

(Jean Coué)


"Un jour, un homme qui voulait s'amuser de jeha, se rend chez lui et demande :

- Jeha, toi qui est versé dans les arcanes profondes
des sciences et des mystères, dis-moi quel est le plus utile,
du Soleil ou de la Lune ?
Sans hésiter Jeha lui répond :
- La Lune, sans aucun doute. Elle éclaire quand il fait nuit, alors que
ce stupide Soleil luit quand il fait jour."

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Si on ne connaît pas le contraire.

On demanda à Jeha :
"Où est ton nez ?

Jeha montra sa nuque.

- Mais Jeha, nous t'avons demandé de nous montrer ton nez et tu nous montres ta nuque. Qu'est-ce-que cela signifie ?

- Je sais très bien que je vous ai montré ma nuque ; mais à quoi sert de connaître le nom d'un objet si on ne connaît pas également son contraire ?"

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Savoir ou ne pas savoir

Un jour, Djeha-Hodja Nasreddin décida de voyager pour parfaire son savoir.

Quand un jeune homme lui demanda quels gens il allait chercher à rencontrer, il dit, se rappelant quelques sages paroles entendues au marché :

- Celui qui ne sait pas et ne sait pas qu'il ne sait pas, il est stupide. Il faut l'éviter.
- Celui qui ne sait pas et sait qu'il ne sait pas, c'est un enfant. Il faut lui apprendre.
- Celui qui sait et ne sait pas qu'il sait, il est endormi. Il faut le réveiller.
- Celui qui sait et sait qu'il sait, c'est un sage. Il faut le suivre.

Djeha-Hodja Nasreddin a fait une pause et a continué :

- Mais, vous savez combien il est difficile, mon fils, d'être certain que celui qui sait et sait qu'il sait, sait vraiment.

On demanda à Djeha :
- Qui est plus puissant, le roi ou le paysan ?
- Le paysan.
- Pourquoi ?
- Parce que si le paysan n'existait pas, le roi mourrait de faim.
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Djeha se promenait à dos d'âne dans le village.
Tout à coup, l'animal, on ne sut pourquoi, prit peur, s'emporta et jeta Djeha à terre.
Des gamins qui avaient assisté à la scène se moquèrent de lui.
Djeha se releva promptement et dit :
- "Il n'y a pas là de quoi rire, je serais quand même descendu tout seul."
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Djeha descendait de la montagne avec son âne. L'animal tomba dans le précipice.
Le pauvre Djeha, arrivé au village, rencontra un ami :
- "Où est ton âne Djeha ?
- Il a volé dans un précipice.
- Comment, il a volé ?
- Oui il a volé, mais il n'a pas su atterrir."
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Djeha voulait monter un cheval assez nerveux.
N'y parvenant pas, il secoua la tête :
- "Ah ! Jeunesse, je devient vieux !"
Puis il regarda autour de lui et voyant qu'il était seul ; il marmona :
- "Même jeune, je ne valais rien."
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Un ami s'adressa à Djeha.
- "Rends moi un service, tu es cultivé, spirituel, écris-moi une lettre pour un ami qui est à Bagdad.
- Ce n'est pas possible, je n'ai pas le temps d'aller à Bagdad.
- Mais il n'est pas nécessaire d'aller à Bagdad pour écrire cette lettre. Je ne vois pas le rapport.
- Il y en a un : Moi seul peux lire mon écriture, et je n'ai pas du tout l'intention d'aller à Bagdad pour déchiffrer ma lettre à ton ami."
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Par une chaude journée d'été, Djeha se rendait à un village voisin.
Assoiffé, il s'arrêta à une fontaine au bord de la route.
Le robinet de cette fontaine était bouché avec un morceau de bois. Il le retira, et un puissant jet l'inonda de la tête aux pieds.
Très en colère, il s'adressa à la fontaine :
- "Je comprends à présent pourquoi ils t'ont bouchée. Si tu avais été gentille ils ne t'auraient rien fait. Ils avaient raison."
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