Belle jusque sous le jupon
Dernier cri de la chirurgie esthétique, les opérations de reconstruction et de rajeunissement vaginal.
De quoi rallummer chez les époux les plus blasés.
C’est véritablement la dernière lubie à la mode, la touche “hype” qui, chez les privilégiées, fait la différence…sous le jupon.
Après le lifting, les implants mammaires, la liposuccion, la rhinoplastie et le Botox, les Marocaines, de 20 à 75 ans, suivant les pas des cosmopolitaines branchées et nanties d’Outre-Atlantique, cèdent petit à petit à leur tour aux sirènes de la reconstruction et du rajeunissement vaginal, ou vaginoplastie.
C’est que, évidence universelle, tous les moyens sont bons pour s’offrir une nouvelle jeunesse, séduire ou rallumer la flamme du désir et de la passion.
Petite spécificité locale, ceci dit : tandis que les Américaines se vantent devant leurs copines de ce cadeau de 2.000 à 4.000 dollars offert par leur mari pour les fêtes de fin d’année, les Marocaines, plus pudiques ou plus discrètes, conservent pour la plupart jalousement le secret de ces opération intimes: périnéorraphie, hyménoplastie, labioplastie, réduction du mont de Vénus ou pigmentation de la vulve.
Dans un jargon plus abordable, de quoi s’agit-il exactement?
La première opération, la périnéorraphie, consiste en fait à resserrer le vagin en renforçant le muscle du périnée, distendu par un ou plusieurs accouchements, avec l’âge, la fréquence des rapports sexuels ou de nature, sans raison particulière. C’est que, en matière de sexe, le plaisir est, pour beaucoup, dans le frottement et donc, dans l’étroitesse. L’intervention se fait par incision classique et, plus récemment, par laser: «Le laser a révolutionné aujourd'hui cette chirurgie puisqu'il permet une cicatrisation rapide et une remise à niveau des muscles lésés avec un minimum de douleur et une morbidité presque nulle», soutient Pr. Omar Sefrioui, gynécologue à Casablanca et l’un des quelques médecins au Maroc à ce jour à pratiquer cette intervention.
Résultat des courses: un plaisir plus intense pour la femme comme pour son partenaire et une chance plus grande d’atteindre l’orgasme.
«Il arrive que ce soit les époux qui recommandent cette intervention à leurs femmes», rapporte Pr. Sefrioui. Vexées pour certaines par ce caprice conjugal pour le moins particulier, elles acceptent finalement, pour la pulpart, de passer sous le bistouri. Pourvu que Monsieur soit plus heureux au lit, comme au début des amours nuptiaux.
Et pour le bonheur de ces messieurs, certaines n’hésitent pas non plus à se refaire une virginité, au sens propre du terme. On parle d’hyménoplastie ou réfection de l’hymen. Il faut croire que cette opération n’est plus le dada exclusif des jeunes Marocaines des milieux conservateurs désirant paraître chaste à leur nuit de noces, mais aussi celui d’épouses se pliant allégrement au fantasme primaire de leur conjoint, à savoir faire l’amour avec une vierge. Se faire croire qu’il est Le premier, l’espace d’une nuit.
Cachez ces lèvres que je ne saurais voir…
De plus en plus fréquente également, la labioplastie. ou réduction de la longueur des petites lèvres. Certaines femmes en effet trouvent leurs petites lèvres trop proéminentes ou affaissées. Celles-ci peuvent en effet l’être congénitalement, en raison de troubles hormonaux, suite à un accouchement ou à une perte de poids excessive. D’autres, aspirant à de grandes lèvres plus charnues, se font injecter leur propre graisse, prélevée sur l'abdomen ou la cuisse. Tout est question de perception. Au pays de l’Oncle Sam, où une moyenne de 10 millions de dollars est dépensée chaque année dans la chirurgie esthétique, des praticiens proposent à leurs patientes de redessiner leur vulve fidèlement au modèle le plus en vue chez les playmates et actrices porno. On n’en est pas encore là au Maroc.
Moins courante, la réduction d’un mont de Vénus jugé trop saillant, par liposuccion, et la pigmentation de la vulve, grignotent cependant timidement du terrain.
Qu’en est-il du prix de toutes ces cures de jouvence “génitales”?
«Le coût de cette chirurgie est variable en fonction du type d'intervention. Néanmoins le confort et l'amélioration des rapports dans le couple qu'elle procure les rendent fort recommandées», nous dit Pr. Sefrioui. On n’en saura pas plus. Si ce n’est qu’aux USA, le prix peut grimper jusqu’à 4.000 dollars. Une chose est sûre: ces interventions, bien que ne comportant pas de contre-indications majeures (sauf graves problèmes cardiaques) et ne nécessitant pas une longue convalescence, ne sont pas à prendre à la légère.
«Il faut d’abord évaluer l'intensité des troubles et l’attente exacte de la patiente, puisque c'est de là que la satisfaction liée à l'acte découlera. Cette chirurgie est certes très attrayante, mais elle doit toujours être bien évaluée et, surtout, bien réfléchie», avertit Pr. Sefrioui.
Et, évidemment, pratiquée exclusivement en milieu médical par un spécialiste, après tous les examens adéquats (général, gynécologique et urologique).
Mais, en fin de compte, toutes ces opérations sont-elles la garantie infaillible d’une sexualité plus épanoui? Pas forcément. Car, comme dans toute demande de chirurgie esthétique, le mal-être est pour ainsi dire “dans la tête”. Peut-être faut-il plus simplement que Marocains et Marocaines apprennent à se réconcilier avec leur image et leur anatomie, à jouir et à donner du plaisir avec les moyens du bord, sans béquilles sexuelles ni artifices. Ou concèdent, pour certains, à chercher les véritables racines du malaise profond, dont les troubles de la libido ne sont souvent qu’un symptôme, de leur couple.
source:boujdour.ma/