Tunisie : Un colloque appelle à la défense des droits des immigrés
Des syndicalistes africains et européens se sont réunis à Hammamet, avec pour objectif d'assurer une plus grande protection à l'égard des travailleurs immigrés en Europe.
Un colloque international de trois jours qui s'est tenu la semaine dernière dans la ville côtière d' Hammamet, a appellé les pays européens et africains à accélerer la ratification des accords passés entre l'ONU et l'Organisation Mondiale du Travail concernant les immigrés.
Cet événement, qui s'est déroulé du 5 au 7 novembre, a réuni des syndicalistes venus du Maghreb, de l'Europe, du Mali, du Tchad, et de Nairobi.
"Nous nous efforçons de sécuriser les séjours continus et les droits des immigrés qui sont en règle dans leur pays d'accueil, et de les protéger d'une compétition injuste qui les opposerait aux immigrants clandestins, ces derniers étant à leur tour les objets d'une exploitation outrée de la part de la mafia sur le marché du travail en Europe", dit Mohamed Trabelsi, du bureau des affaires externes du Syndicat Général Tunisien, organisateur de ce colloque avec le soutien de la Fondation Frederick Ebert et de l'organisation arabe du Travail.
Le communiqué rendu public à la fin du colloque a appellé à l'esquisse d'un programme conjoint entre les unions de travailleurs européennes et africaines, programme qui viserait à promouvoir la culture de la tolérance et l'acceptation de l'autre. Il demande aussi que se renforce la lutte contre l'immigration clandestine, en tant que violation des droits de l'homme, et atteinte aux droits des immigrés en règle.
Les personnes présentes lors de ce séminaire ont reconnu que les immigrants clandestins ne sont plus originaires des pays du Maghreb, région qui est davantage devenue une zone de transit . De nombreux immigrants clandestins qui attendent l'opportunité de traverser la mer depuis le Maghreb vers l'Europe, sont souvent amenés à travailler dans le secret, ce qui les rend sujets à l'exploitation. Ces mêmes hommes peuvent se trouver impliqués dans des actes hors de toute légalité, et ce afin de financer leur voyage. En face de telles situations, dit Trabelsi, les gouvernements maghrébins doivent adopter des lois qui répondent à ces réalités nouvelles.
Le communiqué de conclusion du colloque demande aux gouvernements des pays du Maghreb devenus zones de transit de "respecter les droits des immigrants clandestins qui sont arrêtés avant de tenter de partir en Europe, parce qu'ils sont, après tout, des êtres humains".
Ouaddaye Yvette, un officiel syndicaliste tchadien, tient les gouvernements africains pour responsables parce que "ils n'ont pas traité sérieusement les problèmes de développement, ce qui aurait pu empêcher les tentatives entreprises par les plus doués de nos jeunes, de se lancer dans des aventures qui connaissent la plupart du temps une fin tragique".
Le colloque a également évoqué les conditions de vie des immigrés dans leur pays d'accueil. Le chômage en augmentation a rendu l'accès à l'emploi difficile en Europe pour les immigrés, ce qui a mené à l'exclusion sociale et a fait naître le sentiment que la population étrangère pourrait "voler" un
travail qui se fait rare. Jean-François Courbe, représentant des Affaires Euro-Méditerranéennes pour la CGT (France), a déclaré à Magharebia que le fait de ne pas impliquer les immigrés au coeur de la vie publique du pays d'accueil, et celui de renforcer l'idée qu'ils puissent "voler" le travail d'autrui mènent à "l'introversion...et à de nombreux autres problèmes qu'il est difficile de résoudre à posteriori".
Mohamed Trabelsi évoque les "facteurs culturels" qui affectent le quotidien des immigrés. "Les immigrés venant des pays arabes, et particulièrement du Maghreb, sont accusés de terrorisme sans présomption d'innocence. Nous avons atteint une telle situation qu'il est devenu facile pour les mouvements racistes en Europe de pratiquer l'amalgame entre l'immigration, le terrorisme et l'Islam. A travers ce colloque, nous nous efforçons de trouver des solutions qui puissent nous aider à passer outre ce dilemme, qui devient jour après jour plus ancré".
De manière à amener les gouvernements à trouver une solution collective et durable au problème de l'immigration comme à celui des immigrants, les participants au colloque ont décidé de soumettre leurs conclusions au Sommet annuel Europe-Afrique, qui aura lieu au moins de décembre prochain à Lisbonne.
Source : Par Jamel Arfaoui pour Magharebia à Tunis – 13/11/07