Chaque année, à l'époque des inscriptions le nombre d'enfants tunisien ou franco-tunisiens s'accroît dans les établissements français en Tunisie.
Est-ce un phénomène de mode ou plutôt dû à l'accroissement des couples bi-nationaux qui s'installent en Tunsie ?
Pour essayer d'y répondre, voici un article paru l'année dernière dans le magazine Femmes de Tunisie tentant d'expliquer l'engouement pour la double culture.
De plus en plus choisissent d’inscrire leurs enfants dans des écoles françaises, alors que d’autres, ont épousé une personne de double nationalité ou encore de nationalité différente… Résultat de cette mixité, des enfants qui possèdent une double culture et un bilinguisme qu’il faut savoir gérer.
Les atouts du melting-pot culturel
Chez certaines familles en Tunisie, et ce pour des raisons diverses, on a deux cultures, on parle deux langues différentes.
De plus en plus de couples sont internationaux et souhaitent donc transmettre leur double patrimoine linguistique et culturel à leurs enfants. Ce melting-pot peut être considéré comme étant une sorte d’ouverture d’esprit, car cela permet aux enfants de connaitre
deux cultures qui ne se ressemblent pas, et qui peuvent parfois même être aux antipodes l’une de l’autre.
C’est le cas dans la famille de Mohamed, qui marié à une franco-tunisienne, a naturellement inscrit ses enfants dans une école française. Son épouse ayant vécue la majeure partie de sa vie en France possède, malgré elle, une double culture qu’elle inculque dans un automatisme spontané à ses enfants. Donc chez eux, on est parfaitement bilingue, on parle autant tunisien que français, mais on célèbre aussi deux fois plus de fêtes, entre Aïd et version soft de Noël.
C’est à travers une telle éducation que ces enfants issus de la mixité deviennent plus tolérants que d’autres enfants visà-
vis des autres cultures, nous confie Mohamed. De plus, dans ce genre de familles, beaucoup considère la double nationalité comme un atout.
Sonia (35 ans – divorcée) n’a quant à elle pas d’autre culture, mais a tout de même souhaité scolariser son fils à l’école des soeurs afin qu’il devienne parfaitement bilingue et qu’il soit imprégné d’une double culture. Même si cela est souvent dur à gérer, elle se dit satisfaite apprenant et découvrant à son tour d’autres horizons culturels et linguistiques.
Bilinguisme, une aubaine pour les enfants
Le bilinguisme est une chance que connaissent beaucoup d’enfants parmi ceux de nos lectrices.
Etre vraiment bilingue, c’est pouvoir s’exprimer et penser dans deux langues avec un niveau de précision identique dans chacune d’entre elles et c’est aussi se mouvoir dans deux cultures.
A l’ère de la mondialisation, cette compétence est une chance car une éducation bilingue enrichit beaucoup les enfants.
D’après des tests établis sur des enfants bilingues, ceux-ci auraient un cerveau plus performant et seraient par conséquent
plus créatifs, plus ouverts et plus flexibles que les autres.
Selon une enquête menée par une chercheuse de la VUB (Université libre de Bruxelles), il est démontré qu’ils ont besoin d’une activité cérébrale moindre pour exécuter les mêmes tâches que les enfants unilingues. Les résultats montrent également que les enfants devenus bilingues très jeunes, car l’on parle deux langues à la maison, sont encore plus rapides (intellectuellement) que les enfants qui sont inscrits dans des écoles bilingues.
Les spécialistes plaident généralement pour l’enseignement en plusieurs langues et de préférence à un très jeune âge, car les aptitudes d’assimilation sont plus développées. « Dans l’enseignement maternel, la communication prime sur les fautes de langue et de grammaire. Il est par ailleurs connu de longue date que le cerveau des jeunes enfants est plus malléable pour l’apprentissage d’une seconde langue », souligne la chercheuse bruxelloise.
Double culture : deux pays, deux perceptions différentes
Pour les enfants tunisiens nés en dehors de leur pays d’origine, un autre regard est porté sur celui-ci sachant qu’ils ne
s’y rendent généralement que pendant les vacances. Non pas que leur pays d’origine leurs déplaisent, loin de là, mais le niveau de vie ainsi que le retard dans l’accès aux moyens culturels sont des éléments qui les amènent à préférer ce qui est européen voire américain. Les raisons sont simples, c’est l’habitude et surtout la quête perpétuelle de confort qui les poussent à penser ainsi.
Toutefois, les adolescents mettent en avant les avantages relatifs à la richesse de la vie sociale ainsi qu’au pouvoir d’achat plus abordable, lorsqu’ils font référence à leur pays d’origine. De plus, l’enfant se construit dans un environnement social qui est d’abord familial. On ne peut donc faire l’économie de l’histoire de cette famille et il est impératif d’expliquer à son enfant les différences liées à cette double culture, tout en lui soulignant la chance qu’il a de posséder un tel patrimoine culturel. Ce point est primordial pour sa propre construction identitaire mais aussi pour s’accepter et accepter les autres.
Cependant, il est important de faire attention au choc des cultures afin que votre enfant vive sa biculture comme une chance ou encore un cadeau, non comme un fardeau. L’objectif des parents devrait être d’aider son enfant à vivre dans une perspective d’authenticité et d’exigence vis-à-vis de soi même et de ses deux cultures pour être un citoyen « patchworké» épanoui !
W.B.L
Source : Femme de Tunisie - MArs 2009]