L’histoire de l’origine de la chéchia est un peu controversée : pour certains cette coiffe serait issue des peuples tchétchènes bien que les formes originales et actuelles soient bien différentes. Ce qui est sûr c’est que la chéchia tunisienne, comme nous la connaissons toujours actuellement a été importée d’Espagne. Après l’invasion par la maures de l’Espagne et la reconquête de celle-ci par les catholiques, au XVIème siècle les Maures d’Andalousie sont expulsés et viennent s’installer en Tunisie. Ils amènent alors avec eux l’artisanat de la chéchia mais également de la jebba, fouta, blouza, le sefsari, etc, et s’installent à Tunis dans un quartier qui porte encore aujourd’hui le nom de quartier des And’louss. Sur deux millions d’habitants, la Tunisie compte alors pas moins de 200 chaouchis, le nom des fabricants de chéchia.
La chéchia tunisienne connaît alors un essor sans précédent, connaissant son apogée du 18ème siècle à la moitié du 20ème siècle. Elle s’exporte partout, en Algérie, Libye, Cameroun et Nigeria, mais également en Egypte, Soudan, Turquie et Grèce.
La notoriété de la chéchia tunisienne n’est plus à faire jusqu’à ce qu’après l’Indépendance l’arrivée des chéchias manufacturés de l’Occident et d’un coût nettement moins élevé détrône cet artisanat.
Dans la fin des années 1980 ont ne comptait plus qu’une centaine de chaouchias dans les rues de Tunis et l’on n’en compte plus qu’une petite trentaine de nos jours. La chéchia traditionnelle : pas si facile que ça à confectionner !
La confection de la chéchia traditionnelle passe par six étapes : le filage de la laine, le tricotage, le foulage, le cardage, la teinture, la mise en forme et enfin la finition.
La chéchia traditionnelle est faite de laine peignée puis tricoté par les femmes appelées kabbasat (le bonnet étant nommé kabbous). Ces bonnets sont envoyés au Telbid (Foulage) dans la ville de El Battan, car la qualité de son eau est très importante pour le futur chéchia. Puis des hommes vont fouler les bonnets avec les pieds nus. Ce sont ces deux étapes qui vont faire que les mailles seront invisible donnant un coté feutré au bonnet.
Les bonnets partiront ensuite à El Alia où sont cultivés les chardons nécessaires au cardage de ceux-ci et afin de leur donner un effet velours duveté.
Les chéchias partent pour Zaghouan pour la mise en teinture : rouge vermillon pour la couleur traditionnelle, mais également noir pour la Libye et diverses autres couleurs plus actuelles. Enfin les bonnets arrivent à Tunis où ils seront mis en forme par les artisans chaouchis et parés pour être mis à la vente.
Je vous invite à visiter le site http://www.chechia.com/art.htm pour découvrir plus en détail toutes les étapes de la fabrication.
En Tunisie, les chéchias ont leur souk spécialisé au cœur de la Médina de Tunis. Je vous invite à le visiter et vous verrez qu’aujourd’hui le chéchias ne se porte plus uniquement rouge vermillon mais de différentes couleurs, formes, et parures…. Pour tenter de lui redonner vie les artisans ont proposé une large gamme de produits pour le plaisir d’un plus grand nombre. De nombreux stylistes tunisiens utilisent le chéchia comme accessoire de charme féminin dans leur présentations. |