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 "Kalîla wa Dimna" ou "Les Fables de Bidpai

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marzou
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MessageSujet: "Kalîla wa Dimna" ou "Les Fables de Bidpai   "Kalîla wa Dimna" ou "Les Fables de Bidpai Icon_minitimeSam 1 Mar 2008 - 15:23

Kalïla wa Dimna ou les Fables de Bidpaï

Le livre de Kalîla wa Dimna, nommé également Fables de Bidpaï, est une compilation de fables indiennes traduites en arabe par Ibn al-Muqaffa' vers 750. Destiné à l'éducation morale des princes, ce recueil a pour héros deux chacals nommés Kalîla et Dimna.

La Fontaine s'en est s'inspiré pour ses fables. Le premier manuscrit (arabe), probablement copié en Syrie vers 1220, est caractéristique de la période classique tandis que le second (arabe) est exécuté vers 1350 sous les Mamelouks.


Source : BNF


"Kalîla wa Dimna" ou "Les Fables de Bidpai 094a10

Les deux chacals Kalîla et Dimna
Abd Allah Ibn al-Muqaffa', Kalîla wa Dimna. Syrie ?, vers 1200-1220 Papier.
BNF, Manuscrits orientaux (Arabe 3465, f° 48)



"Kalîla wa Dimna" ou "Les Fables de Bidpai 09410


Kalîla wa Dimna, une traduction arabe des fables de Bidpaï

'Abd Allah Ibn al-Muqaffa', Kalîla wa Dimna. Syrie ?, vers 1200-1220. Papier.
BNF, Manuscrits orientaux (Arabe 3465, f° 51)


Le recueil d'apologues, destiné à l'éducation morale des princes, doit son titre aux héros, deux chacals nommés Kalîla et Dimna. Riche de 98 miniatures, ce manuscrit, le plus ancien conservé, constitue un bel exemple de l'esthétique classique de la peinture arabe alliant stylisation (particulièrement dans le dessin des végétaux) et précision du détail (expressivité des animaux). Le peintre utilise une palette très étendue de couleurs.
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marzou
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MessageSujet: Re: "Kalîla wa Dimna" ou "Les Fables de Bidpai   "Kalîla wa Dimna" ou "Les Fables de Bidpai Icon_minitimeSam 1 Mar 2008 - 15:48

Les Contes présentés ci-après sont extrait du livre
LES MILLE ET UN JOUR

Contes persans

Traduits en français par Pétis De Lacroix

Suivis par plusieurs autres recueils de contes

Traduits des langues orientales


"Kalîla wa Dimna" ou "Les Fables de Bidpai Barre010


Le corbeau, le serpent et le renard
Fable 1
Contes et Fables indiennes de Bidpai
(Extrait de « MILLE ET UN JOUR »


Un corbeau avait choisi le lieu de sa retraite sur la pente d’une montagne et avait construit et ménagé son nid dans la fente d’un rocher. Mais un serpent du voisinage avait la malice d’aller dévorer ses petits toutes les fois qu’il en avait ? Le cordeau, piqué de l’insolence du serpent, affligé de la perte qu’il faisait, résolut enfin d’en tirer vengeance, et il en imagina le moyen. Avant de rien entreprendre, il alla le communiquer à un renard de ses voisins et de ses amis, et après qu’il lui eu raconté le sujet de sa douleur :

« Ma pensée et d’observer le temps que le serpent sera endormi et de lui arracher les yeux afin qu’il ne puisse pas voir mes petits et que je n’aie plus rien à craindre du mal qui m’est déjà arrivé »

- Je me garderais bien, répartit le renard, d’approuver votre conseil, il est très méchant. Quand on a de l’esprit et que l’on veut détruire un ennemi, l’on s’y prend d’une manière à ne pas exposer sa vie comme vous l’exposeriez en exécutant votre projet. Il pourrait vous arriver la même chose qu’à un certain oiseau de rivière, grand mangeur de poisson, qui périt lui-même entre les serres d’une écrevisse en voulant la faire périr.

Le corbeau pria le renard de lui raconter de quelle manière le chose était arrivée, et le renard le satisfit.



"Kalîla wa Dimna" ou "Les Fables de Bidpai Barre010


LE HERON, L’écrevisse et les poissons

FABLE 2

Contes et Fables indiennes de Bidpai

Reprise par Jean de la Fontaine sous le titre de

« Les poissons et le cormoran (Livre X, fable 4)



Un héron, demeurait sur le bord d’un étang et faisait un grand butin de poissons, dont il pêchait chaque jour ce qui lui suffisait pour sa subsistance, et de cette manière il passait sa vie avec touts les commodités et tout le plaisir imaginables. Il l’a continua plusieurs années ; mais enfin, parvenu à une grande vieillesse, ses forces diminuèrent considérablement et il s’aperçut qu’il n’avait plus la même agilité pour pêcher qu’il avait autrefois. Effrayé de cette disgrâce :

« infortuné que je suis, dit-il en lui-même, mes ans sont écoulés et ne retourneront plus. Ne devrais-je pas dans la force de mon âge connaître mieux le bon usage que j’en devais faire et amasser dès lors de quoi vivre dans ma vieillesse ? Présentement les forces me manquent absolument et je ne suis plus propre à rien. Il faut vivre cependant ou m’attendre à mourir de faim. Ne pourrais-je pas trouve quelque moyen de suppléer au défaut de ma vigueur passée ? »

Il faisait ce raisonnement sur le bord de l’étang, fort triste et fort mélancolique, et il était en cette dernière pensée lorsqu’une écrevisse, qui l’avait aperçu s’approcha de lui :

« Ami, lui dit-elle, vous voilà bien triste et rêveur ! Peut-on vous demander quel sujet vous avez de n’avoir pas l’air gai et content ?

Le héron profita de cette demande et inventa en même temps une fausse nouvelle : « Comment voulez-vous, répondit-il à l’écrevisse, que je ne soit pas triste, ou plutôt comment voulez-vous que je ne meure pas de chagrin ? Vous savez que le bonheur de ma vie consistant à pêcher chaque jour un certain nombre de poissons, dont je vivais sans leur faire un trop grande persécution, parce que j’avais le retenue de n’en pas prendre au-delà de ce que j’en avais besoin. Mais un de ces jours, deux pêcheurs qui passaient le long de cet étang s’entretenaient de la grande qualité de poissons qu’il renferme et disaient qu’il fallait y remédier ; l’un des deux ajoutait : il y a plus de poissons dans cet étang que dans celui-ci ; nous viendrons à ce dernier quand nous aurons vidé celui-là. Si cela arrive, continua le héron, c’est-à-dire qu’il faut songer à sortir de ce monde et me résoudre à subir bientôt la mort.

L’écrevisse, épouvantée de cette nouvelle alla sur le champ l’annoncer à tous les poissons de l’étang, qui eu eurent la grande alarme. Dans leur consternation, ils vinrent tous au héron, conduits par l’écrevisse, et l’un d’eux pris ainsi la parole :

« L’écrevisse que voici, dit-il, nous a annoncé une nouvelle qu’elle a apprise de vous et qui nous jette dans la dernière affliction. Plus nous nous efforçons de chercher comment nous pourrons parer le coup, plus nous sommes dans l’irrésolution, et nous venons à vous pour vous supplier de nous aider de votre conseil. Il est vrai que vous êtes notre ennemi ; mais un ennemi sage comme vous l’êtes ne refuse pas d’écouter ses ennemis lorsqu’ils ont recours à lui, surtout dans une affaire comme celle-ci, où il a quelque intérêt ; vous tomber même d’accord que notre conservation dépend de la nôtre. C’est pour cela que vous n’hésitons pas de vous demander ce que vous croyez que nous pouvons faire pour éviter le mal dont nous sommes menacés.

- Le rapport qu’on vous a fait, répondit le héron dissimulé, est très véritable. J’ai entendu moi-même la nouvelle de la bouche des pêcheurs, et autant que j’ai pu juger au ton dont ils parlaient, rien n’est capable d’empêcher qu’ils n’exécutent leur résolution. J’ai pense avec soin au remède que l’on pourrait y apporter, mais je n’en vois pas d’autre que celui que je vais vous proposer : il y a dans le voisinage un autre étang dont l’eau est la plus nette let la plus claire que l’on puisse voir, jusque-là que l’on distingue tous les grains de sable qui sont au fond quoique les plongeurs les plus habilles ne puissent pas y arriver ; les pêcheurs n’y louchent aussi jamais, parce qu’il n’y a pas d’issue pour en faire écouler l’eau. C’est justement la retraite qu’il vous convient. Trouvez seulement le moyen de vous y faire transporter, et vous passerez le reste de votre vie tranquille et le plus agréablement du monde.

- Votre conseil est admirable, dit le poisson qui avait déjà parlé, nous vous en sommes obligés ; mais nous ne pouvons passer à l’étang que vous dites si vous ne voulez nous secourir en cela et nous prêter votre assistance.

- Je ne refuse pas, répartit le héron, d’employer le peu de forces qui me restent pour vous obliger en cette occasion. Convenons donc de la récompense que vous ne donnerez et hâtons-nous de faire diligence. Il est à craindre que les pêcheurs ne viennent et que leur arrivée ne rende nos résolutions inutiles si nus ne profitons du temps.

Les poissons le prièrent avec insistance et les larmes aux yeux de ne pas les abandonner. L’accord se fait enfin de part et d’autre, et le héron se chargea d’en prendre chaque jour ce qu’il pourrait et de les transporter à l’étang qu’il leur avait marqué. Ainsi il se présentait le matin chaque jour, et les poissons venaient à lui en foule. Il en prenaient autant qu’il voulait et les transportait dans un bocage voisin, où en mangeait une partie et faisait magasin des autres pour sa provision. Chaque fois qu’il retournait à l’étang, il trouvait les poissons assemblés qui se pressaient à qui seraient transportés les premiers, et son plaisir était de voir comment ils se hâtaient d’arriver eux-mêmes à leur perte. De là il est aisé de remarquer avec quel aveuglement ceux qui se fient trop facilement à leurs ennemis se jettent eux-mêmes dans le précipice.

Au bout de quelques jours, l’écrevisse qui avait aussi une forte envie d’être transportée au nouvel étang, se présenta et supplia le héron de la prendre. Il s’approcha d’elle, et après l’avoir prise sur son col, il la porta non pas à l’étang, mais au cimetière des poissons. L’écrevisse aperçut de loin les arêtes des poissons et compris d’abord la trahison et la fourberie. Qui connaît, dit-elle en elle-même, que son ennemi va lui ôter la vie et ne le prévient pas quand il a la puissance de le faire, devient homicide de soi-même. S’il fait succomber son ennemi, il s’acquiert une gloire immortelle dans la postérité ; s’il succombe, la postérité l’excuse et le loue d’avoir fait voir qu’il ne manquait pas de courage. En achevant ce raisonnement, l’écrevisse se colla au col du héron et le pinça si vivement de ses serres qu’elle n’eut pas de peine à l’étouffer. Il tomba du haut de l’air en terre, où l’écrevisse ne le quitta point qu’il n’eût perdu tout mouvement ; enfin quand elle vit qu’il était mort, elle lâcha prise et retourna à l’étang en grande diligence.

Là, en présence du reste des poissons étonnés de la revoir et qui
s’assemblèrent autour d’elle, elle fait l’oraison funèbre des amis et des camarades qu’ils avaient perdus et les consola en même temps de cette perte en leur faisant connaître le danger dont ils étaient délivrés par la vengeance qu’elle avait prise de leur ennemi commun. Les poissons regrettèrent les morts comme ils le devaient et détestèrent la perfidie du héron ; mais ils eurent deux grands sujets de joie, l’un de ce qu’ils vivaient et l’autre de ce que leur ennemi mortel n’était plus.


"Kalîla wa Dimna" ou "Les Fables de Bidpai Barre010


Retour à la fable 1
Le Corbeau, le serpent et le renard

Cette fable, ajouta le renard en adressant toujours la parole au corbeau, nous apprend que la plupart de ceux qui entreprennent de tromper périssent par les mêmes fourberies dont ils se servent. Mais je veux vous mettre en un chemin par où vous viendrez à bout infailliblement de ce que vous souhaitez sans courir aucun risque.

Le corbeau, joyeux de l’affection avec laquelle le renard entrait dans ses intérêts :

« vous pouvez, lui dit-il, m’ordonner tout ce que vous jugerez à propos, je suivrai exactement votre conseil. »

- Il faut, reprit le renard, que vous preniez votre vol du côté des maisons les plus voisines et que là vous observiez s’il n’y a rien d’exposé sur les terrasses que vous puissiez enlever, comme du linge ou autre chose. Prenez en votre bec ce qui se présentera et continuez de voler, mais de manière qu’on ne vous perde pas de vue. Lorsque vous serez arrivé à l’endroit où sera le serpent, laissez tomber la chose enlevée en présence de tous ceux qui vous auront suivis : il est certain qu’en courant pour le recueillir, ils apercevront le serpent et le tueront. Voilà un moyen très sûr pour vous délivrer de votre ennemi sans rien hasarder de votre part.

Le corbeau, instruit par le renard, prit son vol du côté de la ville, où il aperçut sur une terrasse une femme qui, prête à savonner du linge, ôta de son col un talisman d’or et le posa dans un coin pour être plus libre ; elle n’eut pas plutôt le dos tourné que le corbeau fondit sur le talisman et l’enleva. Au bruit qu’il fit, la femme se retourna, cria au secours et pria que l’on observât le voleur. Le corbeau vola avec la précaution que le renard lui avait marquée, arriva à l’endroit où était le serpent et laissa tomber le talisman sur lui ; ceux qui l’avaient suivi aperçurent le serpent et ne manquèrent pas de l’écraser et de rendre au corbeau ce service signalé qu’il attendait d’eux.
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MessageSujet: Re: "Kalîla wa Dimna" ou "Les Fables de Bidpai   "Kalîla wa Dimna" ou "Les Fables de Bidpai Icon_minitimeLun 3 Mar 2008 - 7:38

"Kalîla wa Dimna" ou "Les Fables de Bidpai Pigeon10


LES DEUX PIGEONS


Fable

Deux pigeons s’aiment au point de n’avoir que le même nid pour demeure, et la provision de grains et d’eau qu’ils y avaient en abondance leur faisait préférer ce genre de vie retirée à toutes les délices du monde, qu’une résolution réfléchie et appuyée sur de puissants motifs de retraite les avaient déterminées à l’abandonner. L’un se nommait Bazendeh et l’autre Nevazendeh. Unis par la caractère et les mêmes inclinations, ils passaient des jours heureux : chaque aurore voyait croître leur amour et était le témoin du serment qu’ils se faisaient mutuellement de ne se séparer jamais.

Cependant le temps, qui détruit tout, parut être jaloux de la durée d’une union si intime et leur apprit qu’il faut se défier des résolutions les plus fermes. Bientôt succédèrent à l’amitié la plus tendre l’indifférence et le dégoût de n’habiter toujours le même lieu. Ces idées, longtemps combattues, mais sans succès, forcèrent enfin. Bazendeh a déclaré à son ami le sujet de sa mélancolie :

« Ma chère âme, lui dit-il, prétendons-nous passer toute notre vie dans ce nid comme dans une prison ? Pour moi, je ne puis vous cacher que j’ai le plus vif désir de voyager et de voir un peu le monde. Je conçois qu’en le faisant, je verrai beaucoup de choses extraordinaires qui, en m’instruisant me procureront de l’expérience. Le sabre n’est pas destiné à rester dans son fourreau, mais pour agir dans les combats, et la plume ne met pas au jour tant de belles productions d’esprit en demeurant dans son étui, mais en faisant son chemin sur le papier. Le ciel, qui est toujours en mouvement, est à l’endroit le plus élevé de l’univers ; la terre, qui est dans un repos continuel, est foulée aux pieds des hommes et des animaux. C’est dans les voyages enfin que l’on s’instruit et que l’on acquiert de l’honneur, des richesses et de la vertu. »

Nevazendeh n’était nullement touché de la passion qui obligeait Bazendeh à lui tenir se langage :

« Cher et inséparable Bazendeh, reprit-il, il m’est aisé de juger par ce que vous me dites que vous n’avez pas éprouvé les peines que l’on souffre dans les voyages ni les fatigues qu’il faut essuyer dans les pays étrangers, et vous ignorez sans doute la maxime très véritable qui dit que les voyages ne sont semés que d’afflictions et de chagrins inévitables, et une autre qui porte que la séparation avec ce qu’on aime (je suppose que vous êtes dans le même cas) affecte le cœur et ôte toute espèce de repos. Le beau plaisir de se trouver à la fin de chaque journée, sur le bord d’un chemin, saisi de crainte et de frayeur !

- Je ne nie pas, répondit Bazendeh, que l’on ne souffre en voyageant ; il n’y a de la fatigue à essuyer, j’en conviens, mais on en est bien récompensé par le plaisir que l’on a de passer de province en province et de voir tous les jours quelque chose de nouveau et d’extraordinaire. On se fait à la fatigue, et pendant que l’on est occupé des choses que l’on remarque, on est peu sensible à ce que l’on souffre.

- A la bonne heure, reprit Nevazendeh, voyagez par le monde, voyez-en toutes les beautés, mais que ce soit en la compagnie de vos amis ! On ne peut goûter de vrai plaisir, même en voyant les plus beaux objets, lorsqu’on est éloigné de ses amis intimes et de ses parents ; c’est absolument ce qui en peut pas être. C’est aussi ce qui a fait dire que la séparation d’avec ses amis est une image de l’enfer ; mais l’on peut encore dire avec plus de raison que l’enfer est l’image de tout ce que fait souffrir l’absence. Ainsi, puisque par la grâce de Dieu, vous avez de quoi vivre largement et une demeure commode, contentez-vous de votre bonheur, ne vous abandonnez pas si facilement à la passion mal réglée qui vous entraîne et demeurez dans l’état où vous êtes.

- La pensée de notre séparations, répliqua Bazendeh, ne doit pas si fort vous alarmer. L’on trouve des amis autant que l’on veut, et l’on n’en a pas sitôt perdu un qu il est aisé d’en retrouver un autre. Vous avez sans doute entendu ce qu’un poète dit là-dessus en ce sens « ne vous attachez pas trop à aucun ainsi ni à aucun pays ; les hommes sont en si grand nombre qu’il n’en manque pas, et la terre et la mer sont d’une vaste étendue ».
Si ce raisonnement ne vous satisfait pas, prenez la chose d’un autre sens, et considérez que l’absence n’est pas fâcheuse à un point qu’elle n’ait encore ses douceurs, et que les plaisirs d’amitié et même de l’amour les plus satisfaisants ne sont pas tous renfermés dans la possession de ce que l’on aime.

A ce discours Nevazendeh s’écria :
« ah ! Bazendeh ! Vous trouverez des amis en voyageant, je l’avoue, mais ce seront des amis passagers, et ils seront amis qu’autant de temps que vous serez ensemble. Je vois bien pourquoi vous vous obstinez si fort à vouloir voyager, sur quelque apparence de plaisir et de satisfaction que vous entrevoyez : c’est que vous n’avez pas encore senti ce qu’il en coûte pour se séparer d’un véritable ami. Je ne puis m’empêcher de vous répéter que rien au monde n’est plus fâcheux que d’abandonner son pays et ses amis ; et que, sans parler de la difficulté des chemins, l’on s’exposer à mille accidents et à mille dangers. Rendez-vous donc aux vœux d’un ami qui vous chérit et qui veut vous éviter le repentir que vous causera infailliblement l’exécution d’un dessein dont l’issue ne peut que vous être funeste.

- Cela passe votre connaissance, interrompit Bazendeh ; cessez de me parler davantage des peines et des fatigues que l’on souffre dans les voyages. Il faut les avoir essuyés pour savoir ce que c’est que de vivre et pour acquérir un esprit mur. Ne savez-vous pas que la viande crue ne se cuit qu’à force d’être tournée et retournée devant le feu ?

- Je vois bien, dit encore Nevazendeh, que vous êtes résolus de vous éloigner de moi et que la considération d’une amitié aussi ancienne que la nôtre n’est pas capable de vous arrêter. Vous devriez cependant écouter le conseil d’un sage qui dit qu’il ne faut jamais se détacher d’un vieil ami pour se donner au premier venu dont on ne se trouve jamais bien. Mais vous voulez voir d’autres pays pour suivre la maxime pernicieuse de ceux qui ne flattent et disent que chaque nouveauté a sa douceur et son plaisir particulier. Puisqu’il n’est pas possible que les conseils que je vous donne avec tant de chaleur échauffent la froideur de votre cœur insensible, il est inutile de vous parler davantage. Souvenez-vous seulement de ce que je vous prédis : que la fin de votre voyage ne sera pas heureuse, que vous vous repentirez de l’avoir entrepris, et, ce qui m’afflige le plus, que votre repentir sera accompagné de chagrins et de mortifications très sensibles.

La contestation finit en cet endroit ; les deux pigeons s’embrassèrent et versèrent des larmes en se disant adieux, et Bazendeh se sépara et partit. En ce moment, Nevazendeh ne put s’empêcher de dire : mon ami s’éloigne de moi en me donnant le coup de la mort. Tout le monde redoute la nuit de la mort, et moi j’abhorre le jour d’un départ.

Bazendeh, qui n’était pas encore assez éloigné pour ne pas entendre ces paroles, n’en fut pas plus touché que des conseils qu’il avait pas voulu écouter. Il prit son vol et s’éloigna en s’élevant dans l’air. Il vola longtemps par d’agréables campagnes qui le divertirent, et vers la fin du jour il alla se poser dans un jardin qui était à l’abri d’une haute montagne, dont la verdure, les eaux et l’émail d’une grande variété de fleurs faisaient un spectacle admirable. Cela lui plut extrêmement, et il admira le tout dans le détail avec beaucoup de satisfaction.

Après que le soleil fut couché, lorsque les ténèbres commencèrent d’obscurcir l’horizon, il se posa sur un des plus beaux arbres du jardin, qui semblait être une greffe du toba(1) du paradis terrestre, dans l’intention d’y passer la nuit tranquillement. Mais il eut à peine le temps de se remettre de la fatigue du chemin qu’il venait de faire qu’un vent impétueux couvrit tout à coup de nuages épais l’air, qui était auparavant fort serein. Les éclairs et le tonnerre qui suivirent interrompirent le repos dont l’univers commençait de jouir, et Bazendeh, effrayé du bruit et de voir l’air en feu, fut encore assaillit d’une grosse grêle, de sorte que loin de dormir il était fort embarrassée de sa contenance pour se garantir du danger où il était. Il changeait de place à chaque moment pour se faire un abri de branches et de feuilles contre la grêle et la pluie ; cela ne lui servait presque de rien, et l’orage augmentait toujours avec un vent véhément et une plue si forte qu’elle semblait menacer d’un second déluge. Il essuya tout ce mauvais temps, qui continuant jusqu’au matin. Au plus fort d’un temps si fâcheux, il rappela son nid en sa mémoire et il regretta la compagnie de son ami Nevazendeh.

« Ah ! disait-il avec de profonds soupirs, si j’avais cru devoir tant souffrir en me séparant d’avec vous, jamais je ne m’en serais éloigné d’un seul moment. »

La nuit disparut enfin, et dès qu’il fit jour, Bazendeh reprit son vol, mais il était incertain s’il retournerait à sa demeure ou s’il poursuivrait son voyage. Ile ne s’était pas encore déterminé lorsqu’il aperçut un faucon, qui en cherchant sa proie, avait déjà jeté un œil sur lui et fendait l’air d’une vitesse et d’une force incroyable pour le saisir entre ses griffes, dont il était aussi sûr que si elles eussent été de fer.

A cet objet, il serait difficile d’exprimer de quelle frayeur Bazendeh fut frappé. Il ne savait plus où il en était ; toute grande qu’était alors la lumière du jour, ses yeux ne voyaient que des ténèbres, et il lui semblait que le monde était une prison pour lui : les forces lui manquaient enfin, et il tremblait comme la feuille tant il craignait de perdre la vie. En effet, parmi les faibles oiseaux, c’est un terrible embarras que d’être poursuivi par un faucon. En ces moments si pressants, il se souvins encore des sages conseils de Nevazendeh, mais avec la mortification la plus sensible que l’on puisse imaginer, et cela le jeta dans un abattement à demeurer immobile et à ne rien faire pour se sauver. Il fit néanmoins un effort avec des vœux et une promesse solennelle, s’il pouvait sortir heureusement du danger qui le menaçait, de ne plus considérer son cher Nevazendeh que comme un élixir qui l’aurait retiré de l’anéantissement et de n’avoir jamais la pensée de voyager une autre fois. Il poussa encore sa protestation plus loin : il fit serment de ne jamais prononcer le monde de voyage tant qu’il vivrait et de ne faire jamais le moindre pas pour s’éloigner de son nid s’il pouvait une fois y arriver. Et cette résolution parut avoir contribué à le tirer d’un pas si dangereux.

(à suivre)

(1) Le Toba est un arbre que les musulmans placent dans leur paradis et il est situé dans le palais de Mahomet. Une de ses branches chargées de fruits délicieux entre dans la demeure de chaque croyant ; son ombre s’étend à une distance si grande que le cheval le plus rapide ne pourrait arriver à l’extrémité ; de ses racines coulent des fleuves de lait, de vin et de miel.
Le Toba offre beaucoup d’analogie avec le Calpawikcha de la mythologie indienne ; arbre fabuleux du paradis d’Irdra qui produit tout ce que l’on désire.
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MessageSujet: Re: "Kalîla wa Dimna" ou "Les Fables de Bidpai   "Kalîla wa Dimna" ou "Les Fables de Bidpai Icon_minitimeLun 3 Mar 2008 - 11:14

(Les deux pigeons suite)


Comme l’heure fatale de Bezandeh n’était pas encore venue, selon le mot qui porte que Dieu dispose les causes des choses qu’il veut être exécutées, dans le temps que le faucon le poursuivait, un aigle cherchait du haut de l’air une proie qui lui fût convenable, et il aperçut ce qui se passait entre lui et le pigeon :

« Chose étrange ! dit-il en lui-même. Peut-on voir rien de pareil ? J’ai soif, comme dit le proverbe, et au lieu d’une eau salutaire, je trouve devant moi une eau empoisonnée. Il est vrai qu’un pigeon est un morceau méprisable et de trop peu de consistance pour moi ; dans la faim néanmoins qui me dévore, c’est de quoi l’apaiser et me consoler en attendant une meilleure aventure dans quelques heures. »

En même temps l’aigle fondit en terre pour prévenir le faucon et lui enlever le pigeon de devant le bec. Comme le faucon, qui en manquait ni de courage ni de forces, vit qu’il ne pouvait éviter de céder à l’aigle, il ne se soucia pas de perdre sa proie pourvu que l’aigle n’en eût pas plus que lui, et pour l’en empêcher, il alla l’attaquer. Alors il s’éleva une guerre cruelle entre les deux oiseaux à coups de bec et de griffes. Bazendeh les laissa aux prises : il ne manqua pas l’occasion de se sauver. Il s’échappa et alla se fourrer sous des pierres, dans un trou si étroit qu’un nid de moineau est d’une lieue d’étendue à le comparer à ce trou, et il y demeura tout le reste du jour et la nuit avec bien de la peine et de la douleur.

Le lendemain, dès que le soleil parut, quoique Bazendeh fût extrêmement faible d’avoir été si longtemps sans manger, il se fit violence néanmoins et pris sont vol le mieux qu’il put après avoir regardé à droite et à gauche et examiné s’il n’avait rien à craindre. En volant, il vit à l’entrée d’un petit bois un autre pigeon avec du grain devant lui en abondance ; et à cet objet, comme la faim le pressait, il alla droit au grain et se jeta dessus avec d’autant plus de confiance qu’il voyait auprès un pigeon comme lui avec lequel il était bien aise de faire amitié en passant. Il eut à peine avalé un grain ou deux qu’il se sentit le corps embarrassé par des filets. Il se lamenta, et en se plaignant au pigeon de sa mauvaise foi, il lui dit :

« Mon frère, j’ai vu que vous étiez de même espèce que moi, et, sachant que chaque oiseau a de l’inclination pour son semblable j’étais venu pour faire connaissance et m’entretenir avec vous. Pourquoi ne m’avez-vous pas averti, et pourquoi avez-vous ainsi manqué de pratiquer à mon égard le droit d’hospitalité ? Je me fusse gardé de ce danger et j’eusse continué ma route jusqu’où je devais aller.

- Cher hôte, répondit le pigeon, l’on ne peut que rarement éviter ce qui doit arriver, et lorsque l’arrêt du destin est prononcé, aucune prévoyance ne peut soustraire à ses coups. N’avez-vous jamais entendu dire que les plus clairvoyants et les plus spirituels sont eux-mêmes étonnés et étourdis à la présence du destin, et que lorsque l’on en sent l’effet, il n’y a d’autre remède que celui de se résigner et de soumettre à la volonté de Dieu ? Lorsqu’une fois le destin a passé en commandement au conseil éternel et qu’il a été couché sur le registre de la Toute-Puissance, sachez que vous et les oiseaux les plus fameux descendent de la branche où ils sont posés pour venir se laisser prendre dans les filets. Ainsi, puisqu’il était résolu de toute
éternité que vous fussiez pris, il n’y a pas d’autre remède que de souffrir votre mal sans murmurer. Vous savez e proverbe qui dit que l’oiseau pris dans les filets doit prendre patience.

- Il ne s’agit pas ici de faire parade de votre éloquence ni de votre mémoire, répartit Bazendeh, dites-moi seulement si vous pouvez m’indiquer un moyen pour me tirer d’ici ; je vous saurai gré, et vous en trouverez la récompense qu’une aussi bonne action vous aura méritée.

- Mais vous n’y pensez pas, reprit le pigeon ; si je savais ce que vous me demandez et s’il m’était possible de délivrer quelqu’un, je n’aurai pas le pied lié, comme vous le voyez, et je commencerais par me délivrer moi-même sans attendre, aussi vainement que je l’ai fait jusqu’à présent, les caravanes d’oiseaux pour me procurer une liberté après laquelle je soupire. De la manière dont vous me parlez, vous ressemblez assez au jeune chameau qui, fatigué de marcher en voyageant avec sa mère, lui disait en pleurant : « mère sans amour, arrêtez-vous un peu ; jusqu’à quand voulez-vous donc marcher ? Est-ce ainsi qu’une mère doit avoir compassion pour son fils ? Moi, pauvre petit chameau à qui vous avez donné la vie, je n’ai plus de force et je vais périr par votre faute – Fils étourdi et dépourvu de bon sens, répondit la mère, ne vois-tu pas que ce que tu demandes ne dépend pas de moi et n’est nullement en mon pouvoir ? Ne jetterais-je point à terre le fardeau dont je suis chargée et ne me délivrerais-je pas de la fatigue de marcher sur les épines, sans différer plus longtemps, si j’étais libre de la faire ? Plût à Dieu que cela fût ! jamais on ne me verrait dans les caravanes liée à la queue d’un autre chameau. »

Bazendeh, n’écoutant que son désespoir, se mit à battre des pieds et des ailes pour essayer de s’envoler. Heureusement les filets étant vieux et pourris, se rompirent par les efforts qu’il fit, et il se met en liberté. Il pris aussitôt la route de son pays natal ; et satisfait d’avoir la vie sauve, il ne songea plus à la faim. Il passa près d’un village, où, pour se délasser un peu, il alla se poser sur un mur près d’un champ nouvellement semé. Un jeune paysan, muni d’une arbalète, gardait ce champ et se promenait à l’entour ; dès qu’il aperçut le pauvre voyageur, il ferma le projet de le tuer pour se procurer par là un régal dont son imagination savourait déjà les délices. Se croyant donc presque sûr de sa proie, il tire sans ajuster le pauvre Bazendeh, qui ne s’attendait à rien moins qu’à cet accident : le coup porte dans ses ailes et le précipite dans un puits à peu de distance de l’endroit où il s’était posé. Heureusement il ne se trouvait point d’eau dedans, et sa profondeur fit désespérer au jeune paysan de pouvoir l’en retirer.

Bazendeh resta dans ce pitoyable état le reste du jour et la nuit qui suivit. Lorsqu’il fut revenu de l’évanouissement que lui avait causé sa chute, il se rappela avec douleur les prédictions de Nevazendeh, et croyant parler à cet ami, il lui adressait ces mots :

« Où est l’heureux temps, disait-il, où j’étais continuellement près de vous et que je ne jetais mes regards sur aucun autre objet ? Rien alors n’égalait mon bonheur, et je passais mes jours le plus agréablement du monde ! Le jour suivant, comme il se sentit assez bien remise de sa douleur et de son étourdissement, il gagna le haut du puits avec assez de peine ; et de là, malgré sa faiblesse, il prit son vol et arriva à son nid vers midi.

Nevazendeh connut au battement des ailes que c’était Bazendeh qui arrivait, il alla au-devant, et en l’abordant :

« Je ne sais, lui dit-il comment vous exprimer ma joie que j’ai de vous revoir. »

Ils se firent plusieurs compliments l’un et l’autre ; mais quand Nevazendeh se fût aperçu combien Bazendeh était changé :

« Cher ami, cher compagnon de mes jours, lui demanda-t-il, que veut dire cette faiblesse ? d’où vient que vous baissez les ailes, que vous êtes si changé et que je reconnais plus cet air de santé que vous aviez quand vous partiez ?

- Cher Nevazendeh, répondit Bazendeh, je vous conjure au nom de Dieu, si vous m’aimez encore, de ne pas me faire de demande sur le mauvais état où vous me voyez. Ne m’interrogez pas sur mes douleurs ni sur les soucis cuisants que je n’ai cessé d’avoir durant le peu de temps de mon absence. Il me serait impossible de vous expliquer en détail même la moindre partie de ce que j’ai souffert depuis que je me suis éloigné de votre présence ; il me faudrait trop de temps pour vous raconter vous exprimer la grandeur de mes maux avec toutes leurs circonstances. Pour vous dire la chose en peu de mots, j’avais entendu dire que les voyageurs rapportaient de belles expériences de leurs voyages : de celle que je viens de faire, je conclus que jamais, tant que je vivrai, l’envie de voyager ne me tentera : que je ne sortirai point de mon nid, à moins qu’un malheureux destin ne m’y contraigne, et que de mon bon gré je ne changerai pas le plaisir de voir un ami comme vous pour le déplaisir et le chagrin d’une fâcheuse absence. Non, je ne m’aviserai point de m’éloigner de vous d’un seul pas : je sais très bien présentement ce que l’on souffre en en voyant pas ce que l’on aime.
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