Trop loin d'ici

Dans un tout petit village de misère

C'est une sœur, une fille, ou une amie qui vit

Elle se protège des coups, quand elle peut

Elle mange, elle boit, mal et trop peu

Mais elle se cache, pour qu'on ne lui demande pas encore, et encore…

Elle m'a dit: "avant, j'étais comme une bête, taillable et corvéable à merci. Maintenant que je sais lire, je me sens un être humain"

Elle peut enfin rêver à un avenir meilleur

Elle sait qu'elle peut dire "non"

Une petite fille sourit

Si près de mon cœur…


( après, vous le lisez de bas en haut...)

Ce texte attise ma curiosité Leela, peux-tu nous en dire plus ? Sa provenance, le but recherché ?
En tout cas il m'a beaucoup touché.

Je viens de l'écrire.

Souvent, je pense à mes amis lointains, et aux gens que j'ai rencontrés lors de mes voyages, et j'ai envie de leur rendre ce petit hommage...

J'ai commencé par une fillette de 12 ou 13 ans, dans un village de haute Egypte, dans une classe d'alphabétisation, à qui j'avais posé la question "es-tu contente d'être ici ? (à l'école)", et tu vois ce qu'elle m'a répondu. J'en ai pleuré en réalisant à quel point un enfant qui n'a aucune éducation, qui ne jouit pas de respect, peut n'avoir aucune conscience d'"être", aucune confiance en soi, n'a pas de rêves, et se contente de subir, de survivre... et comme le seul fait de reçevoir un tout petit peu d'éducation peut ouvrir, épanouir...

Relire le récit à l'envers montre que ce progrès ne résoudra pas son problème, hélas... Elle est si loin de moi, mais toujours dans mon coeur, avec des centaines de miliers d'autres... battus, exploités, misérables...

Ce texte m'avait ému, mais son contexte en est encore plus prenant Leela.

Peux-tu nous en dire plus sur la situation de ces enfants "battus, exploités, misérables" dont tu parles ? C'est sur ce souvent il est dur de se remémorer ces instants, ces visages, ces histoires, mais je pense qu'il est aussi important d'en parler pour ne pas se voiler la face, surtout lorsque l'on va dans ces pays, en qualité de touriste et que l'on ne voit que ce que l'on veut bien nous montrer ou voir.

Penses-tu que la situation de ces enfants est en rapport direct avec l'alphabétisation et l'éducation ou bien que ce "petit" savoir ne saurait que leur apporter un certain plaisir qui ne changerait rien pour le plus grand nombre d'entre eux dû à d'autres facteurs plus importants ?

vaste question, vaste sujet...

Tu sais je n'ai jamais été en Egypte comme touriste, mais pour collaborer avec une association d'éducation, qui m'a fait visiter une vingtaine de villages .

La misère physique et morale est terrible et empire à vue d'oeil, année après année...

Les enfants sont livrés à eux-même, la surpopulation dans les villages fait q'une maison minuscule abrite plusieurs familles et une trentaine d'enfants, les rues sont jonchées de détritus, les écoles bondées, insuffisantes, et les professeurs de moins en moins compétents à mesure que disparaît la première génération qui avait été formée +/- convenablement.

Comme tu dis, savoir lire ne suffit pas, les conditions les bloquent... même les diplômés universitaires ne trouvent pas de travail...

Je viens de relire la vie de Phoolan Devi en Inde, et là c'est encore 1000 fois pire....

Cela me rend si triste, tout au fond...

J'ai beau retourner le problème dans tous les sens, la seule issue (y compris à l'explosion démographique) est l'éducation

Je n'ai jamais été en Egypte ni en Inde mais j'ai été vraiment ahurie d'aprendre il y a 15 jours qu'il y avait eu des émeutes de la faim en Egypte. "Emeutes" ça me paraissait totalement anachronique dans un pays que je pensais moderne et où tant de touristes vont chaque années mais, comme vous le dites, sans rien voir de la réalité.
ET ce qui est peut-être encore pire , ce sont ceux qui meurent de faim en silence , parce qu'ils sont résignés et n'en ont plus la force.
On a parlé du Darfour avec "L'arche de Zoé", mais ensuite nous sommes repartis dans nos discussions de riches : quel scandale pour les français de devoir travailler 41 ans pour avoir droit à la retraite, alors que certains voudraient bien que leur espérance de vie dépasse 45 ans .
Je ne sais si vous avez regardé l'émission dernièrement à la TV avec Adriana KAREMBEUX au Soudan, pas, dans les lieux touristiques, mais dans les montagnes où les villageois vivent une vie des plus dure, où il faisait glacial la nuit et où, tout à coup, cette femme, ambassadrice de la Croix Rouge, a pris conscience d'une ceraine indécence à répondre à ses hôtes, qui lui ont demandé quel était son travail, qu'on la payait..."pour être belle" et faire vendre des vêtements.
manifestement, elle se rendait compte à quel point ( et moi aussi) , on est totalement déconnectés des réalités de ce que vivent "les autres"
Ce qui, dans vos messages, me fait penser à cette superbe émission, c'est que la fille ainée avait été forcée de se marier ...à 10 ans et d'arrêter l'école et avait eu son premier enfant à 15 ans !!
Sa soeur cadette expliquait à quel point elle avait, elle, de la chance, car son père avait pris conscience du scandale des mariages forcé, grâce au fait..qu'il avait appris à lire !
Lui-même avait décidé que sa seconde fille irait à l'école et ferait les études les plus longues possibles pour pouvoir avaoir une meilleure vie.
Quand on pense qu'un des problème de notre société "civilisée", est l'absentéisme à l'école, avec ce que ça entraine dans le domaine de la délinquance, je partage votre avis, les filles: je me sens tout aussi impuissante (et parfois hypocrite car j'oublie vite ces vérités dans ma vie quotidienne) et je pense que, effectivement, seule l'éducation, non seulemant des filles, pour qu'elles apprennet à dire non, mais aussi des garçons est le point de départ.de tout rogrès.

je suis également très touchée par ce texte Leela. nous vivons dans un monde plein d'incohérence, d'injustice, de silences, de non-dits que plus rien ne m'étonnes. il m'a été donné l'occasion de voir un reportage sur la situation de ces petits villages en Egypte. malheureusement, beaucoup de pays dit développés cachent la misère d'une partie de leur population. je trouve tout cela scandaleux au regard de la richesse de ces pays.
l'avenir d'un pays se construit grâce aux enfants, leur bien ètre, leur éducation, leur ascension dans l'échelle de la vie, leur potentiel.

j'ai relevé quelques passages sur un site consacré à l'éducation dans le monde ( http://www.copaindumonde.org/Dossiers/dossier_ecole.html) :


La situation dans le monde...

Ne pas aller à l'école signifie ne pas acquérir les savoirs de base. Alors comment devenir un adulte qui pourra correctement élever ses futurs enfants, comment trouver un travail pour subvenir à ses besoins, comment être un citoyen actif quand on ne sait ni lire, ni écrire, ni compter ? On estime que 1 enfant sur 4 travaille dans les pays en développement.

Mais ce n'est pas toujours mieux dans les pays développés : au Royaume-Uni, deux millions d'enfants travaillent... Développement ne rime pas toujours avec respect des enfants.

...et en France

La situation n'a rien à voir même si elle n'est pas parfaite. Presque tous les enfants fréquentent la maternelle.
À 3 ans, le taux de scolarisation est de 99 %. Les élèves français sont assidus. Plus de 85 % des jeunes vont en classe de seconde ou en brevet d'études professionnelles. 80 % atteignent le niveau bac. Mais tout n'est pas rose. Plusieurs dizaines de milliers d'enfants restent encore non scolarisés.


Au Bénin

Les chiffres sont alarmants : un enfant sur deux n'est pas scolarisé. L'école est obligatoire jusqu'à 12 ans mais 50 % de ceux qui vont en classe arrêtent avant.
Les conditions d'études sont déplorables : les classes peuvent atteindre 80 élèves et elles sont dépourvues de fournitures, on trouve fréquemment un seul livre par classe .

selon une source Unesco, "113 millions d'enfants dans le monde ne sont pas scolarisés à lâge de l'école primaire, et parmi eux, 60 % sont des filles." devant ce constat assez alarmant, on mesure la chance que nous avons de bénéficier des atouts nécessaires à l'éducation de nos enfants, même si tout n'est pas parfait dans notre système. je pense que partout dans le monde, des millions d'enfants donneraient cher pour avoir accès à l'éducation et ne pas ètre contraint de travailler ou de se marier jeune. en tout cas, je te remercie Leela de nous ouvrir quelque peu les yeux, nous semblons si éloignés et pourtant il serait important que chacun de nous ouvre les yeux devant ce qui se passe au dela de nos frontières. heureusement que des associations oeuvrent tous les jours la bas pour apporter un peu de bonheur à ces enfants et leur ouvrir une porte vers un meilleur avenir.

Merci à vous !

Odysséenne: 100% d'accord avec toi pour cette émission, j'ai pensé la même chose (en même temps, donc)


Pour comprendre une culture, j'essaie de vivre avec les gens et de "sentir" leurs problèmes.


Une image à la tv, ce sont des personnes anonymes.

Dès qu'on a croisé leur regard, cela devient des "proches", c'est une toute autre dimension, une autre relation...

Dans beaucoup de pays dans le monde les enfants n'ont pas le minimum vital légitime pour vivre et grandir avec tout ce que cela comporte, pour être construit de l'intérieur dans leur identité propre.

Personnellement, pour les quelques pays d'Afrique où j'ai oeuvré durant des années, les enfants comme les adultes d'ailleurs ne peuvent que subsister dans des conditions déplorables et indignes d'un être humain d'autant plus dans le siècle où nous sommes.
Ils ne vivent pas mais survivent au jour le jour.
Quand un enfant a des parents il peut encore s'estimer heureux sans que pour cela les parents puissent forcément subvenir aux besons de leurs enfants, mais le nombre d'orphelins d'un parent ou des deux dépasse tout ce que l'on peut concevoir et imaginer.

Dans la plupart des endroits les enfants et la jeunesse représentent pratiquement la moitié de la population adulte du pays, et même par endroit plus que cela.

Le gouvernement public et laïque ne peut donner un enseignement ni éducation scolaire convenable ni même ne se donne la peine de payer les enseignants suffisament sans parler des guerres qui ont tout ravagé depuis pas mal d'années et même ils ne perçoivent pas leur salaire ou gagnent trop peu : quelle motivation ont-ils alors à faire leur travail et surtout à le faire bien?
C'est pourquoi dans bon nombre de pays et d'endroits que ce soit dans les villes comme dans les villages même les plus reculés ou dans la brousse ce sont les institutions privées qui la plupart du temps sont d'obédience religieuse qui peuvent aider et le faire "correctement", qui elles mêmes sont soutenues et aidées par les pays étrangers et aussi par tous types d'Associations étrangères, sans cela des millions d'enfants ne pourraient pas avoir accès à une éducation et instruction scolaire adéquate y compris les nourrir et les vêtir ect....
Il est certain que même dans ce cas, ce n'est pas la majorité des enfants qui sont aidés et pris en charge parce qu'il y en a trop et que les moyens manquent, donc, même si des structures peuvent se permettre de le faire, c'est toujours avec le strict minimum et bien souvent avec beaucoup de difficultés et donc pas question de superflu.
Ce qui est fait pour certains ne peut pas être fait pour d'autres, car les moyens manquent toujours.
Vous trouvez des classes scolaire de 100 enfants par classe, entassés à plusieurs par petit bureau si encore il y en a, serrés les uns contre les autres sans même avoir l'aisance de pouvoir écrire correctement quand il y a de quoi, là où nous avons l'espace pour 3 enfants ici là bas ils rentrent à 10...

La pauvreté à tous les niveaux aussi bien physique que morale rend les parents incapables d'assumer leurs enfants tant soit peu au point qu'ils démissionnent complètement du domaine éducatif pour ne citer que celui là, et même des enfants sont carrément jetés à la rue et abandonnés par leurs propres parents ne pouvant pas les assumer.
Je vous épargne les attrocités qui se pratiquent sur les enfants de tous âges au grès des us et coutumes et de pratiques religieuses, et de la bonne part de l'ignorance et d'esprits malheureusement obscurcis...
Là ne vous attendez pas à ce que l'on respecte les droits de l'homme car il vous faut un coeur bien accroché pour voir et entendre comment les adultes s'occupent des enfants, même dans certaines structures scolaires qui manquent de formation pédagogiques et de notions du développement de l'enfant j'ai été scandalisée lors de mes séminaires et formations sur le terrain de voir comment les enfants sont traités.
Mais quand les personnes peuvent avoir accès à leur propre formation elles sont aussi reconnaissantes de pouvoir apprendre, et j'ai vécu et assisté à bien des miracles de changement de comportements et mentalités suite à mon travail sur place, qui non seulement a trouvé son efficacité dans les structures mais les personnes ont appliqué certains principes dans leur propre famille et leur reconnaissance était débordante, chaque jour les témoignages affluaient de toute part dans ce sens, aussi cela vaut vraiment la peine d'aider et de pouvoir entreprendre des actions pour donner aux adultes les formations nécessaires à s'occuper des enfants, car, et je vais conclure pour aujourd'hui avec cela, on dit toujours que les enfants sont le monde de demain, mais je puis vous dire que cela est une hérésie et une mauvaise croyance, car les enfants sont peut-être les adultes de demain, mais ils sont le monde d'aujourd'hui et font partie du monde d'aujourd'hui, ils sont des personnes à par entières, même s'ils sont en bas âges ou dans la jeunesse, et non pas des demis portions humaines qu'il faut traiter à l'économie, les maltraiter, les dénigrer, les marginaliser, et attendre qu'ils soient grands ou adultes pour être écoutés et s'en occuper.
Ceux qui ne savent pas écouter et comprendre les enfants et les respecter en tant que personne à part entière en leur donnant tout le nécessaire et qui sont dans des places stratégiques gouvernementales pour le faire, malgré tout leur savoir et leurs compétances et leurs corruptions, sont comme des citernes crevassées qui ne retiennent pas l'eau. Que trouverons-ils à boire quand la soif sera là??? Il en est de même pour une nation.
On veut avoir des pays développés cela commence par le respect et l'élévation et l'ancouragement et l'éducation à tous les niveaux du plus petit que soi pour qu'il deviennent l'adulte de demain construit, équilibré, capable d'assumer ses responsabilité, et que nous ayons la joie de trouver parmis eux les plus petits que nous des personnes capables de relever les pays dans des domaines où leurs parents ont échoués. Nous en avons besoin à tous les niveaux....
Voilà ce que j'ai eu à coeur de partager avec vous....

merci pour ce témoignage circonstancié...


Ce que j'ai à dire est plus anecdotique (excusez-moi).

Un incident me revient. Cours de couture pour des dames de 30, 40 ans. But de la "monitrice": leur apprendre à se servir d'une machine à coudre (qu'elles ne possèdent pas), leur faire faire un talleur moderne avec col à rabat, manches, etc... Ce qu'il y a de plus difficile à faire, en somme.

Or elles n'ont jamais cousu, même un ourlet ou un racommodage.

Pis encore: elles n'ont vraisemblablement jamais tenu une paire de ciseaux en mains, sont incapables de couper un papier avec une précision de plus de 2 cm !

Inutile de dire que le cours n'aura servi à rien... en sortant, elles ne savaient toujours pas coudre un bouton.
Professeur sans sens pédagogique...

Là j'ai compris la misère des enfants sans jouets (qui leur apprendraient des tas de choses, l'habileté manuelle, la stratégie, etc...), et ces bout-chous, dans la rue, n'ayant qu'un ballon crevé pour 20, comment pourraient-ils acquérir le minimum de bagage ? Plus tard, ils deviendrons des mères de familles incapables d'apprendre quoi que ce soit à leurs propres enfants, même les gestes les plus élémentaires..., des pères de familles incapables d'apprendre un métier...

Misère morale autant que physique... mais la misère morale est la pire... elle engendre drames familiaux, disputes, maladies (manque d'hygièl-ne élémentaire)...

Texte touchant et captivant ...

C'est desarmant de savoir que près de chez nous ou ailleurs des personnes souffrent au quotidien, sont exclus de la societé sous pretexte d'etre pauvres, illetrés ...

Ces personnes sont d'autant vulnerables, avec dont une situation psychologique difficile: sentiment d'impuissance, d'injustice, d'inferiorié, d'angoisse etc...

La misere est une violation des droits de l'homme, l'assistance ne suffit pas !

"Respecter la dignité des autres, c'est respecter la sienne "