Le Guerbaji (porteur d’eau) au Maghreb

Autrefois il n’était pas rare de rencontrer dans les villes le guerbaji, (ou garbadji, garbagi, garbaji, de l’arabe dialectal), marchand d’eau qui puisait le liquide à la fontaine du quartier pour ravitailler les maisons, dépourvues d’eau courante ou de puits..
Il déambulait, le long des ruelles des médinas et pour la somme de quelques sous, il vidait le contenu de son outre dans les grandes jarres de terre cuite.

Le nom de guerbaji vient de l’outre, « la guerba » dont il se servait pour puiser et transporter l’eau.

La guerba est une outre, généralement en peau de bouc ou de chèvre dont le ventre était hermétiquement recousu et les extrémités de passage des membres de l'animal étaient serrées par des cordes qui servaient de bretelles, que le porteur de l'outre passait sur l'épaule.
L'ouverture du cou servait de goulot qu'il fermait temporairement avec une autre corde. Il portait sur son don un grand tablier de cuir épais qui le protégeait de l'eau qui degoulinait à travers les pores de la peau de l'outre.

La peau de l'outre avait subi, pour rester toujours flexible, et hermétique un traitement à l’intérieur avec du "Kotrane" l’huile de Cade extraite des branches du Genévrier. Le "Kotrane", qui possède des caractéristiques antiseptiques et désinfectantes, donne à l’eau un arrière gout très appréciable tout en diminuant ’imperméabilité de l’outre.

Le matin le guerbaji livrait ses clients habituels et l’après-midi, après avoir ajouté quelques morceaux de fenouils à la Guerba pour donner à l’eau une saveur anisée, le Garbaji parcourait les Souks pour rafraichir les passants qui ont soif « Barred yé Atchane » « Rafraichissement, Ô toi l’assoifé ».

Dans les villages, l'eau était généralement transportée en grande quantités, dans des jarres ou même des outres sur le dos des ânes.
De nos jours, on ne voit plus de guerbaji dans les rues de Tunis. Par contre, il fait toujours partie du paysage (folklorique) marocain. Il est facilement localisable grâce à son chapeau cônique bordé de ponpons multicolores et son grand manteau rouge. Le cliquetis de ses gamelles de cuivres suspendues à ses harnais de cuir annonce sa venue.


Je vous ai préparé une petite rétrospective du Guerbaji depuis 1900 à nos jours au travers de vieilles cartes postales.

J'espère que vous prendrez autant de plaisir à les regarder que moi !

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merci Marzou pour ces images qui ont ravivés des souvenirs à Amor. En effet, il m'a raconté que lorsqu'il avait environ 3 ans, il allait avec sa mère au puit du village pour ramener de l'eau. Les robinets dans les maisons sont arrivés assez tard environ 1980 et le tout à l'égout dans ce quartier, depuis 3 ans seulement !!!

Dans la maison familiale, comme dans beaucoup d'autres, il y a seulement un robinet d'eau dans la cour et c'est déjà un miracle.....

Merci Marzou
cela devait etre un travail difficile et surtout une grande Mission pour le porteur!! son existence etait importante ! oui il y a encore des villages ou ils n'ont pas l'eau dans la maison ils vont au puit avec les anes! ou peut de maison on effectivement un robinet et dans la cour!

ces guerbas existent encore dans les douars en algérie. je me souviens quand j'étais jeune, en été, ma grand mère me donnait toujours de l'eau qu'elle puisait dans une guerba. elle était très fraiche. par contre, je nai jamais aimé son gout. peut ètre parce que j'étais petite et préférait les boissons sucrées.

j'ai eu l'occasion den reboire l'été dernier, et certes le petit gout y était encore mais je le trouvais moins détestable qu'avant. en tout cas, chaque maison la bas dans les douars a sa petite guerba disponible.

Dans le désert tunisien il existe encore également de ces guerbas et c'est vrai que l'eau à un goût un peu particulier... J'ai aussi été surprise par le fait que l'eau restait plus fraîche dans ces peaux.