LE HAMMAM
HISTOIRELes ancêtres : les thermes et bains publics
Le bain de vapeur est le descendant direct des thermes de l’antiquité gréco-romaine. Les grecs ont créé les premiers bains dits publics, à l’époque du culte du corps, du sport et du combat. Ensuite, vint les thermes romains, où hommes et femmes se retrouvaient dans des eaux « thermales », qui leur apportaient bien-être et santé.
Santé, rapports sociaux et amusement étaient les 3 axes de la vie romaine.
L’apparition du hammam « Le bain turc » de Dominique Ingres (1862)La pratique du hammam ne s’est vraiment développée qu’environ 600 ans après Jésus Christ, lorsque le prophète Mohamed lui-même en fit l’apologie.
Dans sa forme actuelle, le hammam s’est développé sous l’empire Ottoman puis s’est répandu dans les pays du Maghreb et dans certains pays du moyen orient comme la Syrie.
Un élément essentiel différencie cependant les thermes romains des hammams d’orient, l’eau qui aliment les bains des hammams est une eau courante et non stagnante comme dans les thermes, ce qui garantie une meilleure hygiène et propreté.
A la grande époque de l’Orient, plus une ville comptait un nombre important de hammams, plus elle était considérée comme riche et puissante. On dénombrait par exemple à Bagdad, plus de 3 000 hammams. Les salles de bains n’existant quasiment pas dans les maisons, le hammam restait le seul lieu où se purifier et se laver.
A l’époque où le prophète Mohammed prit pour la première fois, fait et cause pour le hammam à des fins religieuses et récréatives, les femmes y étaient interdites. Lorsqu’on s’aperçut de ses vertus hygiéniques, les femmes furent alors autorisées à s’y rendre après une maladie ou un accouchement.
Finalement, les hommes accordèrent aux femmes le privilège de goûter aux plaisirs du hammam ; auparavant, elles n’avaient pratiquement aucune possibilité de rencontrer d’autres gens en dehors de la maison. Ce « privilège » devint très vite un droit.
Le hammam devint tellement important dans la vie des femmes musulmanes, que celles-ci avaient le droit de demander le divorce si leur mari leur interdisait d’y aller.
C’est un endroit intimement lié à la vie quotidienne où gens de toutes catégories sociales, jeunes, vieux, riches, pauvres pouvaient venir librement, se rencontrer et cancaner.
Les jeunes filles profitaient de cette occasion pour mettre en valeur leurs serviettes brodées ou leurs socques, tandis que les mères de famille prospectaient d’éventuelles épouses pour leur fils, car aucune tare physique ou inaptitude sociale ne pouvaient y passer inaperçu.
Les hommes venaient au hammam pour parler affaire ou politique.
Une utilisation liée à des pratiques religieusesEn Orient, s’il n’existe pas comme en Europe un « culte du corps », on accorde une grande importance à l’hygiène corporelle.
Situés près des mosquées pour permettre, à l’origine, de faciliter les ablutions, purifications avant la prière, les hammams étaient d’avantage un endroit où les croyants pouvaient accomplir les règles islamiques d’hygiène.
L’Islam exige une purification du corps avant chacune des 5 prières quotidiennes. Cette hygiène est nécessaire pour se présenter « purifié » à la Mosquée, mais aussi après un accouchement ou simplement pour entretenir ce corps qui nous a été « prêté » par Dieu et qu’il s’agit de « rendre » en bon état.
Cette notion de purification est aussi très présente chez les sémites.
La femme, par exemple, se doit de suivre un rituel très précis et très complet chaque mois, en fin de menstrues, afin de se purifier. Pour les femmes qui le pratiquent encore, ce rituel se fait très souvent aux bains, au hammam.
Jusqu’au XXème siècle, se rendre au hammam, constitue l’activité sociale et religieuse la plus importante pour les femmes ainsi que la seule occasion de quitter la maison.
PRINCIPE Le principe est une succession de 3 ou 4 salles décorées de marbre et de faïence, de plus en plus chaudes, jusqu’à la dernière à 50°C, saturée de vapeur d’eucalyptus, où le taux d’humidité est de 100%.
On arrive en général avec sa serviette, son peignoir, son shampoing, son savon noir et son gant de crin. Selon les endroits, on vous fournit un petit pagne ou vous choisissez de rester en slip ou même sans rien.
Tout de suite, l’atmosphère des pièces relaxe. Sur les côtés de la salle de vapeur, des petits lavabos permettent de s’asperger à l’aide d’une bassine, assise sur un tabouret ou un petit tapis en plastique. On commence par se laver. On s’enduit ensuite le corps de savon noir, à base d’huile d’olive, et on attend quelques minutes, en se reposant sur les bancs en marbre, que les pores de la peau se dilatent, tout en massant. On parfume souvent l’air de cet endroit avec de l’essence d’eucalyptus, ce qui permet de bien se dégager les bronches.
Après une petite douche, on entre dans des salles de plus en plus chaudes, à son rythme. Le corps a ainsi tout le temps de s’habituer à l’atmosphère du hammam. Là, on s’allonge ou l’on s’assoie sur des dalles chaudes ; l’essentiel est de se sentir à l’aise, détendu. Lorsque la chaleur se fait trop forte, il faut sortir se rafraîchir sous la douche et en profiter pour éliminer les premières peaux mortes au gant de crin.
Selon les endroits ou les préférences, on peut se gommer soi-même ou faire appelle à la harza. Le gommage qui se fait au gant de crêpe ou kassa, se constitue d’un massage bien énergétique sur tout le corps, dont on ressort plein de peaux mortes. On se sent bien propre ensuite.
Il est possible alors de se faire poser un masque de corps à base de rassoul (sorte d’argile), mélangé à de l’eau de rose ou de fleur d’oranger, qui laissera la peau bien douce avec un parfum discret. Pour les personnes qui ont la peau sèche, on peut ajouter de l’huile d’amande douce au mélange.
Enfin, avant de rentrer chez soi tout à fait détendu, on peut terminer sa séance de hammam par un massage relaxant ou amincissant.
Dernière étape, la salle de repos pendant quelques minutes, pour reprendre ses esprits avant de retourner dans le chaos de la ville et planifier déjà sa prochaine séance de détente…
Il est d’usage dans les pays arabes, qu’une femme avant de se marier, passe une journée au hammam et cela se passe juste 2 jours avant le mariage et parfois même avant, elle est généralement accompagnée de ses amies, copines et les femmes de la famille, s’amusant, chantant. Il s’agit d’un rite traditionnel beaucoup pratiqué dans les pays arabes et tout un enchantement pour la mariée.
Par la suite, les femmes gardent la tradition et vont presque une fois par semaine.
Il est aussi d’usage dans les hammams que les femmes s’épilent au sucre et au miel, aidées par la harza, femme chargée d’aider les clientes du hammam à se laver le dos, se faire masser et aussi l’épilation.
Les femmes y vont traditionnellement avec un petit nécessaire en cuivre ; il est aujourd’hui souvent en plastique.
BIENFAITSCôté beauté, la chaleur permet d’ouvrir les pores de la peau, d’éliminer les bactéries et les impuretés. Celles-ci sont exfoliées pendant ou après le hammam, à l’aide du gant de crin traditionnel. La peau devient souple et douce.
Côté bien-être, la forte température calme les tensions musculaires, les courbatures et favorise le sommeil. Ces vapeurs, ces eaux et ces massages seraient à l’origine de la sécrétion d’endorphines (hormone sécrétée par le cerveau, proche de la morphine), qui serait sans doute due au phénomène de chauffe et de surchauffe du hammam. La moiteur, le calme, la configuration des lieux contribuent également à un décrochage de l’esprit.
Libérant les sinus et les voies nasales, il est excellent en cas de rhume et la respiration est facilitée. Les essences d’eucalyptus, aux propriétés apaisantes et décongestionnantes ajoutent aux bien-être et à la détente.
La circulation sanguine est activée et le corps mieux irrigué.
Le hammam ne fait pas maigrir puisqu’il ne fait perdre que de l’eau à l’organisme, ce qui n’entraîne qu’une perte de poids temporaire, mais il peut aider dans un programme approprié et un régime équilibré.
CONTRE-INDICATIONSPas de contre-indication médicale, sauf pour les personnes qui auraient des problèmes cardio-vasculaires.
Si on craint la chaleur, il faut y aller par pallier.
Il faut boire beaucoup pour compenser l’eau perdue et éviter la déshydratation.
En France, on le déconseille aux femmes enceintes, mais au Maghreb, certaines y vont tout au long de leur grossesse et même en début de travail, pour soulager les contractions.
PETIT LEXIQUESavon noir : produit traditionnel de la beauté orientale, le savon noir est une pâte d’origine végétale (olive noire dans le Maghreb, cosse de noix de palme en Afrique Noire), dont le but est de préparer la peau au gommage 100% naturel. Il se présente sous forme d’une pâte sombre et épaisse, sans parfum, qui mélangée devient liquide.
Le corps et le visage humides sont enduits de cette pâte, au moyen de massages pour une meilleure pénétration. Après quelques minutes de pause, on procède à un gommage énergétique à l’aide d’une éponge végétale appelée LOOFA ou un gant de crêpe granuleux, appelé KASSA. La peau en ressort toute douce, débarrassée de ses cellules mortes.
Doukanna : estrade de marbre où l’on s’assoit où l’on s’allonge pour recevoir les soins.
Hanana : femme qui prodigue les soins à la mariée. Ces soins traditionnels peuvent s’étendre sur plusieurs jours, voire semaines.
Hargous : tatouage temporaire à l’orientale, à base de produits naturels (henné, clou de girofle,…). Il est de couleur noire et dure environ 15 jours.
Harza : employée du hammam, chargée d’aider les femmes à frotter la peau avec un gant spécial, qui prodigue les massages dans le hammam réservé aux femmes et qui peut faire l’épilation.
Henné : plante réduite en poudre qui sert à la décoration des mains et des pieds de la femme et de teinture à cheveux.
Matahara : cabine privée à l’intérieur du hammam.
Rassoul : autre secret de beauté des femmes orientales, le rassoul est une argile minérale naturelle, extraite de gisements uniques au monde, situés en bordure du Moyen Atlas, au Maroc. Il ne contient aucun astringent et nettoie selon un processus physique. Mélangé à de l’eau chaude, il se gonfle pour former une pâte onctueuse. Il s’utilise pour le corps, le visage mais aussi les cheveux.
Souwak : écorce de noix pilée utilisée pour nettoyer les dents.
Tayeb : homme employé du hammam, qui frotte la peau avec un gant spécial et qui prodigue les massages dans le hammam réservé aux hommes.
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