Le Professeur Bertrand Dautzenberg est président de l'Office National Français de Prévention du Tabagisme. Il alerte sur la très forte consommation, souvent banalisée, de chicha ou narguilé, chez les jeunes.
En quoi consiste cette vogue croissante de la chicha ?
C'est un phénomène colossal et explosif chez les jeunes. Pratiquement inexistante il y a deux ans, plusieurs études menées récemment en Ile-de-France montrent l'apparition massive de l'utilisation de narguilé. 53% des élèves de 16 ans ont déjà fumé la chicha, et le taux atteint 76% chez les jeunes âgés de 19 ans. A 17 ans, ils sont près de 30% à la consommer régulièrement.
Ce phénomène est-il lié à la baisse de consommation de cigarettes ?
Effectivement, il n'y a jamais eu aussi peu de fumeurs parmi les jeunes. Depuis les campagnes antitabacs, la cigarette est devenue à leurs yeux un produit sale, polluant et cher. Or, les dangers du narguilé sont méconnus du public. 85% des jeunes consommateurs de chicha ne comptent pas s'en passer, tandis que les 3/4 des fumeurs déclarent vouloir arrêter.
Quels sont ses dangers par rapport à la cigarette ?
Après filtration, le tabac comporte moins de nicotine, il y a dnc moins de risque de dépendance. En revanche, le risque d'intoxication au monoxyde de carbone est beaucoup plus important. Quarante bouffées de chicha équivalent à deux paquets de cigarettes. Et pour un non consommateur qui reste une heure dans un bar à chicha, c'est comme s'il fumait six ciagrettes. Nous avons recensé deux cas d'intoxication aigüe au monoxyde de carbone ayant entraîné un coma. Pour l'instant, le narguilé est plutôt utilisé à plusieurs et de façon occasionnelle. Mais il existe un risque de propagation.
Propos reccueillis par Claire COUSIN
Métro - jeudi 31 mai 2007